Tribune

« Combien d’événements graves de santé faut-il encore avant d’agir ? »

Publié le 21/03/2025
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C’est prouvé. Si vous êtes diabétique et que vous avez une maladie rénale ou cardiaque, la finérénone est un médicament qui diminue le risque d’accident cardiaque ou d’événement grave pour les reins. En cas d’insuffisance cardiaque, le vériciguat diminue le risque d’être hospitalisé pour une aggravation de votre maladie dans les mois qui suivent sa prise. Si vous avez fait un infarctus du myocarde et que vous avez trop de cholestérol, un anticorps antiPCSK9, l’alirocumab, amoindrit le risque de refaire un infarctus ou un AVC dans les deux ans qui suivent l’infarctus. Si vous êtes diabétique et que votre risque d’accident cardiaque est élevé, la dapagliflozine diminue votre risque de devenir insuffisant cardiaque ou de faire un événement grave pour les reins.

Et pourtant…

Qu’ont en commun tous ces médicaments en dehors du fait qu’ils bénéficient réellement aux patients qui en ont besoin et permettent aux médecins d’accomplir leur mission ?

Tout simplement, les deux premiers, largement disponibles dans le monde, ne le sont pas et ne le seront pas en France à moyen terme. Le troisième ne peut qu’être renouvelé aux patients qui le reçoivent déjà mais ne peut pas être débuté pour un nouveau patient qui le justifierait. Pour le dernier, il a fallu attendre six ans avant qu’il ne soit disponible en pharmacie alors qu’il avait une autorisation de prescription. Les raisons de ces paradoxes, qui conduisent à moins bien prendre en charge les patients en France, sont multiples et complexes.

Le résultat est là, tristement

Peu importe, le résultat est là : les échecs de négociations tarifaires entre l’État français et les entreprises pharmaceutiques ne permettent plus de proposer certaines des dernières innovations thérapeutiques, qui non seulement diminuent le risque d’événements graves mais peuvent aussi prolonger la vie et en particulier la vie en bonne santé. Nous, patients, médecins, citoyens, demandons aux parties concernées qu’elles fassent le nécessaire, que ce soit à l’échelle française ou européenne, pour que cette situation préjudiciable à la santé des Françaises et des Français cesse enfin et que les médecins puissent exercer, dans toute sa plénitude, la mission de soins pour une collectivité qui leur fait confiance.

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Dr Marc Villacèque, président du CNP cardiovasculaire ; Pr Bernard Iung, président de la Société française de cardiologie ; Dr Vincent Pradeau, président du Syndicat national des cardiologues ; Dr Walid Amara, président du Collège national des cardiologues des hôpitaux ; Dr François Dievart, président du Collège national des cardiologues français ; Philippe Thébault, président de l'Alliance du cœur ; Steven Macari, président d’Avec France ; Jacky Vollet, président de la Fédération française des diabétiques

Source : Le Quotidien du Médecin