Même si un des ministres les plus dogmatiques sur un plan politique a démissionné, la santé en France est un secteur d’activité qui affronte de très grandes difficultés. Des nuages ne cessent de devenir très menaçants pour une partie des soignants souvent peu écoutés : les médecins généralistes libéraux.
À l’origine du malaise éprouvé par les médecins généralistes libéraux, plusieurs points doivent être développés car ils demeurent les initiateurs de ce mal-être.
Une ministre par intérim qui n’est pas blanche comme neige
Pour commencer Mme Le Bodo qui a repris les rênes du ministère de la Santé est quelque peu critiquée de toutes parts du fait de ses conflits d’intérêts, mais surtout du fait de l’absence de déclaration de certains avantages reçus par des firmes pharmaceutiques. Au-delà de l’aspect éthique, nous ne pouvons qu’être très critiques vis-à-vis d’une pratique lourdement condamnée en médecine libérale.
Depuis de nombreuses années les visiteurs médicaux ne peuvent plus donner aux professionnels de santé œuvrant dans le domaine de la santé, excepté les pharmaciens, quelconque stylo ou document d’enseignement qui pourrait parfaire les connaissances de ces médecins. Il est vrai que nous pouvons glaner ces informations au moyen de revues ou de sites internet, cela en totale indépendance.
Rappelons aussi qu’une véritable chasse au praticien (libéral ou non) a été menée dès lors qu’il accepte certains « avantages » comme des gadgets parfois inutiles ou une participation financière à des congrès (cela était très formateur pour les jeunes praticiens peu argentés, plus que des montres de prestige).
C’est pourquoi nous comprenons aisément que de nombreux confrères soient remontés comme des piles suite à ce genre de pratique provenant de personnes qui devraient être au-dessus de tout soupçon de collusion avec des entreprises.
Notre Président souhaite que les libéraux ne soient plus payés à l’acte, mais touchent un forfait calculé en fonction du nombre de patients
Des propos très déstabilisants
En parallèle, et avant les traditionnels vœux de la nouvelle année, notre Président a expliqué qu’il souhaitait avant tout que les libéraux ne soient plus payés à l’acte, mais touchent un forfait calculé en fonction du nombre de patients. Il est vrai que ce dernier avait déjà quelque peu développé il y a quelques années ce sujet qui lui tient réellement à cœur. En rémunérant les libéraux au forfait l’exécutif compte effectuer de réelles économies, mais surtout cette volonté assumée a pour but d’assurer une plus grande responsabilisation des libéraux vis-à-vis de leurs patients.
Une telle réaction se comprend facilement en période de pénurie de professionnels de santé, mais en agissant de la sorte sur une chaîne publique (il a tenu ces propos sur la 5e chaîne), il fustige une nouvelle fois une frange de praticiens qui ne démérite pas. Il est facile d’imposer certaines règles, mais avant de le faire il me paraît important d’en parler avec ceux qui œuvrent pour la santé des concitoyens. En agissant de cette manière il est certain que notre Président va augmenter d’autant plus son discrédit auprès de soignants trop souvent considérés comme des nantis du système de santé.
Des négociations conventionnelles poussives
Par ailleurs, depuis le mois d’octobre, les syndicats se sont assis pour un « second round » avec le directeur de la Cnam pour signer éventuellement la nouvelle convention. Alors qu’au départ tout devait être réglé rapidement (volonté affichée par les autorités de tutelle) et en essayant de ne pas brusquer « les forces vives libérales », nous avons été quelque peu surpris de voir que ces négociations ne sont pas encore terminées en fin d’année.
Le plus triste, c’est de voir que l’accouchement du nouveau texte conventionnel a de grandes chances de s’effectuer dans la douleur. Les objectifs que souhaitent entériner les syndicats médicaux sont diamétralement opposés de ceux de la Cnam. En effet, la hausse de la rémunération à l’acte qui était la base de la discussion n’est pas la priorité de M. Fatôme. Ce dernier a des objectifs qui sont tout à fait superposables à ceux du chef de l’État ; autrement dit donner quelques euros supplémentaires en fonction de l’implication du médecin avec son patient sur une base forfaitaire.
Contrairement à ce qu’avait annoncé feu le ministre de la Santé qui souhaitait plus ou moins qu’un compromis puisse être rapidement trouvé avec l’idée d’un paiement éventuel de l’acte médical à 30 euros, nous voyons qu’en face des syndicats les discussions sont âpres, et ont des chances de ne pas réellement aboutir.
De toute manière le directeur de la Cnam a bien montré qu’il était le Maître du jeu, et « qu’il y aura un accord sur tout, ou un accord sur rien ».
Au final 2024 a de grandes chances d’être une année très difficile pour le médecin généraliste libéral
En prenant en compte l’ensemble des éléments cités précédemment, il est certain que la valorisation dans tous les sens du terme de la médecine libérale n’est pas la priorité de nos dirigeants pour les années futures. Cependant on oublie facilement que cette spécialité médicale est le 1er recours pour les patients, et qu’à ce titre il est important de mieux la valoriser, et de mieux la reconnaître. Certains pays européens comme la Belgique en on pris conscience, et de cette manière ont pu voir qu’en écoutant et en cessant de mépriser ce maillon de notre système de santé, il est possible d’avancer et de faire de réelles économies.
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