La ritournelle est connue. Le poids de l’indemnisation des arrêts de travail pèse lourd sur les comptes de l’Assurance-maladie. « Le déficit de la branche maladie sera vraisemblablement plus élevé que les 11,4 milliards d’euros attendus », a alerté Thomas Fatôme, le directeur général de la Cnam, dans un entretien aux « Échos » dimanche 8 septembre. Pour le futur gouvernement et les parlementaires chargés de construire le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale, le patron de la Cnam affiche le volontarisme de la caisse pour « s’assurer que les ressources sont bien utilisées ».
La flambée des arrêts de travail se retrouve à nouveau dans le viseur, Thomas Fatôme dévoilant une hausse « de plus d’un milliard » d’euros de ces dépenses en 2024. Et de lister quelques mesures envisagées, de l’appel aux patients en arrêt depuis plus de 18 mois au contrôle des prescripteurs. Une préconisation déjà déployée l’année dernière. Alors que la Cour des comptes pointait un total de montants indemnisés passé de 7,7 milliards d’euros en 2017 à 12 milliards en 2022, la Cnam avait mené une campagne auprès des médecins « forts prescripteurs ». L’Assurance-maladie se félicite d’une baisse de près de 30 % du nombre moyen d’IJ par patient chez les près de 1 000 généralistes ciblés par les mises sous objectifs et mises sous accord préalable. Les entretiens confraternels auprès de plus de 3 500 omnipraticiens auraient eux aussi fait leurs preuves. Cette fois-ci, 7 000 généralistes seront contactés d’ici la fin 2024 pour « échanger sur leurs pratiques et voir s’il y a un moyen de mieux maîtriser la situation », assure le DG de la Cnam.
Ne faut-il pas se pencher aussi sur l’état de santé des salariés en France ?
Si on ne peut que saluer la lutte contre les dérives, ne faut-il pas se pencher aussi sur la raison de l’augmentation régulière des arrêts de travail et donc sur l’état de santé des salariés en France ? Entre vieillissement de la population (et des travailleurs avec le recul de l’âge de la retraite), incidence des maladies chroniques (37,5 % des personnes de 16 ans ou plus, et 52,8 % des 50 ans et plus avaient des problèmes de santé chroniques ou durables en 2021, selon l’Insee), dégradation de la santé mentale, etc. les signaux n’ont rien de réjouissant. Sans compter l’impact de l’activité professionnelle sur la santé, bien que les chiffres manquent sur le burn-out. Fin 2023, Santé publique France pointait de « nombreux indicateurs préoccupants » pour la santé des 40 à 64 ans, parmi lesquels 25 % d’hypertendus, 10 % de prédiabétiques… L’agence signale également que 15,6 % des femmes de 35-44 ans présentent un état dépressif ; « ce taux augmente depuis 2010 ». N’est-il pas temps d’accélérer sur la prévention alors que les bilans aux âges clés font l’objet d’une grande campagne de communication depuis cette semaine ?
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