Récemment j’ai pu diriger une thèse concernant l’obésité infantile. Sa prévalence a doublé entre 1997 et 2024. Ce qui doit également nous faire réfléchir, c’est que, d’après les projections effectuées par l’OMS en France, près de 25 % des enfants seront obèses en 2030.
De nombreuses origines sont classiquement retrouvées comme étant responsable de cette situation : manque d’activités sportives chez les enfants au profit des différents outils connectés (les enfants de moins de 15 ans passent au moins cinq heures par jour devant un ordinateur ou un portable), alimentation régulièrement absorbée trop riche en glucides, sommeil trop souvent écourté… Bref, l’obésité infantile, compte tenu de cette projection alarmiste, mérite amplement d’être une cause prise en charge par les médecins.
Un travail d’équipe
Au cours de la présentation de son travail, l’étudiante a démontré, grâce à une étude qualitative avec la participation de dix médecins, qu’il était difficile de prendre en charge ces enfants car de nombreux facteurs étaient responsables d’un échec quant à l’obtention de résultats (mauvaise préparation des praticiens à cette situation, peu de formations dispensées sur le sujet…).
Les spécialistes qui étaient présents pour juger ce travail ont bien expliqué plusieurs choses tout à fait justes. D’abord, une prise en charge de l’obésité doit être un travail d’équipe avec diététicien, psychologue. Ensuite, le généraliste connaît nécessairement des difficultés à prendre en charge cette problématique car en moins de 20 minutes (temps moyen d’une consultation), il est impossible d’avoir une approche de qualité. Bien entendu, il serait intéressant, pour une efficacité réelle, de revoir plusieurs fois le jeune enfant obèse. De plus, souvent, cet état de fait est mal perçu par le principal concerné. Celui-ci est fréquemment culpabilisé par l’approche effectuée par les professionnels de santé – pas forcément empathique et aidante. Par ailleurs, pour que la prise en charge soit efficace, il ne faut pas oublier un interlocuteur important : les parents. Souvent, ces derniers ont des difficultés à adhérer aux propositions données ou peuvent minimiser l’obésité de leur enfant, qu’ils considèrent comme étant en bonne forme. Cela est d’autant plus compréhensible que dans de nombreux cas, les parents souffrent également de surpoids.
Certaines lignes de conduite peuvent être développées avec la participation de plusieurs professionnels libéraux
Tout cela pour dire qu’il est essentiel de ne pas avoir en tête d’obtenir des résultats probants dans tous les cas. Les échecs d’une prise en charge pourtant bien conduite sont nombreux, tout comme pour les addictions. Cependant, certaines lignes de conduite peuvent être développées avec la participation de plusieurs professionnels libéraux (diététicien, psychologue). En parallèle, il est également fondamental de mobiliser les enseignants car nous ne devons pas perdre de vue que l’éducation est le moteur de notre futur comportement. Il est difficile de mobiliser certains acteurs, tels les médecins scolaires qui sont devenus des espèces rares. Mais donner des consignes aux maîtres des écoles pour dispenser des conseils judicieux aux enfants, qui pourront secondairement partager en famille, est une carte à jouer.
Vous souhaitez, vous aussi, commenter l'actualité de votre profession dans Le Quotidien du Médecin ?
Adressez vos contributions à aurelie.dureuil@gpsante.fr
C’est vous qui le dites
« Les déserts médicaux sont d'abord des déserts tout court »
Éditorial
Faire beaucoup avec peu
Vu par le Dr Hervé Maisonneuve
Sauvegarder la qualité de l’information : une urgence !
Débat
Supprimer l’AME, une bombe sanitaire à retardement ?