Les ECN 2023 ont vu 9 752 étudiants passer cette épreuve qui fêtait son ultime opus avant d’être remplacée par les EDN, épreuves dématérialisées nationales dès l’année prochaine.
Malgré tout, cette répartition des étudiants à la fois sur leur faculté de rattachement et leur future spécialité a été synonyme de grande première sur des aspects bien différents. Tout d’abord en termes de nombres d’étudiants admis à passer en 3e cycle des études médicales. Les rangs des futurs médecins n’ont jamais été aussi étoffés, augurant d’ici quatre à six ans, un nombre de nouveaux médecins diplômés plus nombreux. Malheureusement, il ne nous est pas permis de nous réjouir, tant ce chiffre ne suffira pas à compenser le nombre de ceux prenant une retraite bien plus que méritée. Ensuite, il s’agissait d’une grande première également pour la spécialité « Médecine Générale » dont la durée de formation passe de trois à quatre ans pour ces mêmes étudiants. Et tout le monde de regarder à la loupe la façon dont cette spécialité a été choisie cette année pour en tirer ses propres conclusions.
Tous les postes pourvus en médecine générale mais…
Les partisans de la 4e année, parmi lesquels les enseignants du Collège national des généralistes enseignants (CNGE), se sont réjouis de voir que tous les postes proposés pour la spécialité médecine générale ont été pourvus. Car, les textes légaux prévoient une inadéquation entre le nombre de places disponibles sur toute la France et le nombre d’étudiants devant se répartir. Ainsi, même le 9 407e doit pouvoir avoir le choix entre plusieurs postes. Et c’est la raison pour laquelle les spécialités comme la gériatrie, la psychiatrie, la médecine du travail, la biologie médicale et la santé publique ont des postes non pourvus. Que l’ensemble des postes de médecine générale aient été choisis n’était pas une certitude de prime abord. L’allongement de la durée des études jouant un rôle de repoussoir pour certains étudiants, même si aucune spécialité n’a une durée de formation inférieure à quatre ans désormais. C’est en cela que le CNGE a eu raison de se féliciter de voir que tous les postes avaient bien été choisis. Mais il nous faut malgré tout reconnaître que le rang moyen de choix a beaucoup évolué. Ce rang moyen correspond, un peu de façon caricaturale, à la vitesse à laquelle une spécialité est choisie parmi les étudiants. Plus ce rang moyen est proche du 1er classé aux ECN, plus la spécialité est attractive, et réciproquement.
Le rang moyen de choix a fortement baissé
Nous ne pouvons que reconnaître que le rang moyen de choix de la médecine générale a fortement baissé cette année. Il faut ainsi y entendre que la médecine générale a été moins rapidement choisie que les années précédentes, au profit d’autres spécialités. Et les opposants à la 4e année de DES d’y voir un signe de rejet de la réforme. La réalité est bien entendue plus nuancée. On peut être satisfait que tous les postes aient été choisis pour la médecine générale, tout en étant inquiets de voir une appétence pour cette spécialité diminuer. Et il me semble que l’ajout d’une année supplémentaire n’est pas, et de loin, le seul facteur explicatif. Il faut prendre en compte le volume horaire de travail des médecins généralistes. Les « bons docteurs dévoués » mis en avant régulièrement par les médias, travaillant encore à l’âge de 85 ans, de 6 heures à 22 heures, ne sont en rien des modèles que nos jeunes confrères idéalisent. Et ils ont à 2 000 % raison. Ils veulent une vie de famille et du temps de repos, indispensable à leur bon équilibre psychologique. Un médecin bien dans sa tête et dans son corps, c’est un médecin qui a les ressources pour écouter, diagnostiquer et soigner les patients. Compte tenu de ce changement de façon d’exercer, légitime, il est fort à parier que la catastrophe de la pénurie de médecins pour les années à venir a été fortement sous-estimée par nos concitoyens. Mais pas par les étudiants.
De la même manière, la rémunération est également un facteur de choix de spécialité, peut-être même les premiers qui soient. Que ceux qui voudraient y lire une vénalité des jeunes médecins passent leur chemin. Les généralistes français sont parmi les moins bien payés des pays de l’OCDE, alors qu’ils devraient être rémunérés à hauteur des autres spécialités ou de leurs collègues des autres pays occidentaux. Toute vocation ne gomme pas le souhait légitime de gagner sa vie en ayant la possibilité d’investir dans des conditions de travail appropriées bien que coûteuses. Alors, certes, on peut feindre de s’étonner d’un relatif désamour. Mais on n’attire pas les mouches avec du vinaigre…
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