Tribune

Nicolas Gomart (Fédération nationale de la mutualité française) : « La mise en œuvre de la nouvelle convention médicale nécessitera l’engagement de tous »

Publié le 06/09/2024
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La nouvelle convention médicale pour la période 2024-2029, qui s’appliquera progressivement dès la fin de l’année, est un texte majeur dans la vie conventionnelle, un jalon dans nos relations avec les professionnels de santé.

Nicolas Gomart, vice-président de la Fédération nationale de la mutualité française et DG du groupe Matmut

Nicolas Gomart, vice-président de la Fédération nationale de la mutualité française et DG du groupe Matmut
Crédit photo : Vanida Hoang – Groupe Matmut

Saluons la large signature de la nouvelle convention médicale le 4 juin 2024 par cinq des six syndicats représentatifs des médecins libéraux, l’Union nationale des caisses d’assurance maladie (Uncam) et l’Union nationale des organismes complémentaires d’assurance maladie (Unocam).

Les assureurs complémentaires santé ont pris pleinement et unanimement leurs responsabilités à travers un effort sans précédent de 300 millions d’euros pour contribuer aux mesures de revalorisations. J’en suis convaincu : améliorer l’accès et la qualité des soins pour nos assurés, pour les citoyens, passe nécessairement par le renforcement de l’attractivité de la médecine libérale.

L’ambition de cette nouvelle convention est justement de créer un choc d’attractivité pour accroitre l’offre en médecine libérale en augmentant les rémunérations, en valorisant l’expertise des généralistes et des spécialistes, et en favorisant la relation patient-médecin traitant.

Le tarif de la consultation de référence du médecin généraliste sera ainsi revalorisé à 30 € dès décembre 2024 contre 26,50 € actuellement, soit une hausse de 20 % par rapport au tarif pré-règlement arbitral. Plusieurs spécialités médicales, identifiées comme peu attractives, notamment par les jeunes médecins, alors qu’elles sont liées à des enjeux de santé publique forts, bénéficieront de revalorisations ciblées et importantes : la psychiatrie, la gériatrie, la gynécologie médicale, la dermatologie, la médecine physique et de réadaptation (MPR), l’endocrinologie, l’infectiologie et la pédiatrie.

Nous partageons l’objectif de renforcer le rôle central du médecin dans le parcours de soins en rémunérant mieux son travail d’accompagnement de long terme

Simplifier les modes de rémunération

Cette nouvelle convention médicale va également refondre, diversifier et simplifier les modes de rémunérations. Le Forfait patientèle médecin traitant (FPMT) est transformé en Forfait médecin traitant (FMT). Cofinancé par l’Assurance-maladie et les organismes complémentaires, il deviendra la rémunération socle du médecin traitant à partir du 1er janvier 2026. Nous partageons l’objectif de renforcer le rôle central du médecin dans le parcours de soins en rémunérant mieux son travail d’accompagnement de long terme. C’est tout l’objet de cette rémunération annuelle calibrée selon la complexité du suivi de chaque patient.

La nouvelle convention comporte des mesures fortes pour améliorer l’accès financier et territorial aux soins, notamment dans les déserts médicaux, au travers de dix objectifs ainsi que la création d’un observatoire national de l'accès aux soins. Avec cette convention, les médecins s’engagent collectivement, avec des objectifs ambitieux comme augmenter le nombre d’installations de médecins en zones sous dotée à 7 % par an, augmenter le nombre de primo-installés en médecine générale de 5 % par an ainsi que couvrir l’intégralité du territoire par la permanence des soins ambulatoires (PDSA) et le Service d’accès aux soins (SAS). En tant que structure mutualiste disposant d’un ancrage territorial fort, nous sommes particulièrement sensibles, au sein du Groupe Matmut, aux enjeux de proximité. Renforcer un égal accès aux soins pour tous et rendre la santé accessible, inclusive et protectrice du bien-être psychique et physique de chacun sont des engagements forts du mouvement mutualiste dans son ensemble.

Un observatoire de la pertinence et de la qualité des soins sera également créé, accompagné de programmes d’actions sur lesquels les médecins s’engagent collectivement sur le sujet de l’efficience des prescriptions. Ils ciblent entre autres les prescriptions des arrêts de travail, la réduction des prescriptions d’antibiotiques, pour lutter contre l’antibiorésistance ou la diminution des actes d’imagerie redondants lorsque cela est possible. Saluons ces engagements. La soutenabilité du financement de notre système de santé, que nombre de pays nous envient, est fondamentale pour en garantir sa pérennité. Pour y contribuer, la prévention que ce soit auprès des patients ou des assurés sera essentielle. Chaque acteur du système a un rôle à jouer et c’est bien collectivement que nous relèverons ce défi.

Des efforts consentis par les différents signataires

La signature de la nouvelle convention médicale est un succès, rendu possible grâce aux efforts consentis par les différents signataires. Elle montre tout le bénéfice pour le système de santé français d’un dialogue constructif entre l’Assurance-maladie, les professionnels de santé et les assureurs complémentaires santé. Cette convention est ambitieuse dans ses objectifs et sa mise en œuvre nécessitera l’engagement de tous. En tant que groupe mutualiste, et comme l’ensemble des assureurs complémentaires santé, nous avons pris nos responsabilités pour contribuer aux mesures de revalorisations. Les engagements des médecins sont à la hauteur de l’ambition de cette convention. Une mobilisation collective et en transparence sera essentielle pour la réussite de la mise en œuvre de cette convention.

Nicolas Gomart, vice-président de la Fédération nationale de la mutualité française et DG du groupe Matmut

Source : Le Quotidien du Médecin