Une nouvelle année scolaire vient de démarrer. C’est souvent le moment de faire le point et de prendre de nouvelles résolutions, un peu à l’image de celles prises au début de l’année civile, en espérant les tenir un peu plus que quelques jours. Le monde de la santé n’y déroge pas : beaucoup de bonnes résolutions sont envisagées de toutes parts. Mais elles se heurtent en quelque sorte au mur des réalités de notre beau pays.
Ainsi, nos élus ont dû se dire que cette rentrée allait être synonyme de travail pour le bien de la France et de nos concitoyens, pour améliorer l’économie française et aussi le système de santé. Les parlementaires ont dû se dire qu’ils allaient réussir à porter leur voix lors du débat sur le budget et que leurs collègues, même ceux étant d’un bord politique différent, auraient la lucidité de voter des amendements s’ils étaient vertueux et bénéfiques pour tous. Au lieu de cela, notre désormais ancien Premier ministre François Bayrou a décidé de jouer son va-tout et sortir sur une forme de coup d’éclat, plutôt que de tenter de travailler avec tous ceux qui réfléchissent au-delà d’une opposition systématique à tout, tout le temps, parce que « pas contents, pas contents ». Les parlementaires de tous bords n’ont donc pas eu à établir le dialogue pour faire avancer notre situation au quotidien. Ouf, l’honneur est sauf.
Quid de la quatrième année ?
Et toutes les décisions, pourtant cruellement indispensables, d’être reportées sine die… Par exemple la quatrième année de médecine générale et ses docteurs juniors, qui commenceront en novembre 2026, soit demain. Certes, un texte est paru qui fixe leur rémunération, ainsi que celle de leurs maîtres de stage. Avec, d’ailleurs, des choix étonnants de reconnaissance et de compensation si ces derniers exercent en ZIP et ZAC, là où les docteurs juniors ne recevront une aide financière que s’ils vont en stage en ZIP… Avec de grands absents que sont la pédagogie, l’encadrement et tout ce qui serait d’ores et déjà nécessaire pour organiser cette année dans de bonnes conditions. Il semblerait donc que le plus important ait été de s’assurer qu’un docteur junior de médecine générale ne puisse pas gagner plus qu’un docteur junior d’une autre spécialité. Ouf, l’honneur est sauf.
Silence assourdissant de l’Ordre
Le monde médical n’est décidément pas en reste. Le Conseil de l’Ordre, fraîchement élu, souhaite rénover en profondeur ses institutions. Elles ont en effet besoin, sur certains points, d’un dépoussiérage et d’une actualisation pour mieux accompagner les professionnels actuels, bien différents de ceux d’il y a soixante-dix ans. Et de voir certains collègues, parfois eux-mêmes élus ordinaux, recevoir il y a quelques jours un avertissement pour manquement à la déontologie car ayant rappelé le Code du même nom dans une tribune de 2018 [publiée dans Le Figaro en juillet 2018 et signée par 124 médecins, NDLR] contre les pratiques n’ayant pas fait preuve de leur efficacité. Cela dans un silence assourdissant de l’Ordre, qui a semble-t-il refusé de répondre aux sollicitations des journalistes intrigués par cette situation un peu ubuesque. Intrigués aussi de voir qu’il y avait possiblement un lien d’intérêt entre le magistrat ayant prononcé les peines et un parti politique français de tout temps pro-homéopathie, pour ne pas le citer. L’Ordre est par ailleurs resté identiquement calme lorsque l’un des représentants du syndicat ayant obtenu que ces avertissements soient prononcés a qualifié les confrères de « djihadistes ». Il est donc plus grave de citer le Code de déontologie… Ouf, l’honneur est sauf.
À quand une réflexion sur la vraie façon de libérer du temps médical qui nous fait tant défaut ?
Il serait sans doute temps de siffler, dans de nombreux domaines, la fin de la récréation. Nous avons un pays magnifique et de bonnes volontés de toutes parts, pour peu qu’il s’agisse de raisonner en termes d’intérêt général plutôt que de carrière nombriliste. À quand une réflexion sur la vraie façon de libérer du temps médical qui nous fait tant défaut ? L’heure est grave et la situation désastreuse. Partout, des patients sont sans médecin traitant car ceux qui restent en activité sont trop peu nombreux et ne peuvent assurer cette partie déséquilibrée de tir à la corde où on aurait une poignée de médecins tirant d’un côté et l’ensemble de la population en demande de soins tirant de l’autre. Il suffirait qu’une petite épidémie de Covid vienne aggraver la situation pour que le château de cartes s’effondre. D’ailleurs, l’épidémie semble reprendre en ce mois de septembre. Et les vaccins ont été prévus pour dans trois semaines. Ouf, l’honneur est sauf.
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