Parcours d'internes : la FST médecine scolaire

Publié le 24/02/2023
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Trois internes en santé publique qui ont suivi une FST médecine scolaire, partagent leurs expériences.

« Lors de divers stages pendant mon externat, j’ai été passionnée par la relation enfant/parent/soignant. Tout naturellement au début de mon internat de santé publique j’ai choisi de découvrir la médecine scolaire puis je me suis inscrite à la FST pour approfondir mes connaissances », explique Corinne Coppenolle.

Depuis la suppression des DESC avec la réforme de 2018, certains DES ont vu le jour et une vingtaine de « Formations Spécialisées Transversales » (FST) ont été créées. La FST médecine scolaire, réalisée pour la partie théorique en e-learning avec les enseignants du Collège national des enseignants de médecine scolaire, apporte les compétences nécessaires à un exercice clinique auprès de l’enfant et de l’adolescent et à un exercice de santé publique dans sa dimension collective. Durant cette année, deux semestres de pratique professionnelle sont réalisés en services agréés dont au moins un en médecine scolaire.

Cette FST permet un exercice mixte (libéral ou hospitalier avec un temps de médecin scolaire contractuel) ou, de devenir médecin de l'éducation nationale avec formation raccourcie à l'École des hautes études en santé publique. Elle permet de se sur-spécialiser sans être qualifiante : le médecin garde sa spécialité d’origine et peut continuer d’exercer en dehors de ce champ de compétences.

« Ce que j’apprécie en médecine scolaire, c’est le travail collaboratif entre enseignants, parents et enfants. Les enseignants signalent un trouble d’apprentissage et avec les batteries de test disponibles, on peut effectuer un dépistage selon les difficultés de l’enfant et orienter en fonction de notre examen clinique. Le dialogue avec les parents est primordial, car il permet de connaître le comportement de l’enfant au domicile familial, parfois différent à l’école, cela permet d’établir différentes pistes diagnostic. Enfin cela permet de faire de l’éducation à la santé dans un cadre bienveillant, non moralisateur et de rester à leur écoute », témoigne Joséphine Odoul.

Le médecin a un rôle pour le dépistage des troubles du développement staturo-pondéral, sensoriel, et neurodéveloppemental dont les troubles des apprentissages ; il a aussi un rôle d’orientation vers un médecin spécialiste, un orthophoniste, ergothérapeute, psychomotricien, psychologue… Il est chargé d’intervenir face à une pathologie qui interfére avec la scolarité, de prendre en compte les conséquences d’un handicap ou d’une pathologie connue pour préciser les besoins du jeune dans son quotidien d’élève. Chez l’adolescent il peut intervenir comme « médecin du travail des mineurs » lors des visites réglementaires en lycée professionnel.

« J'ai beaucoup aimé ces visites en lycée professionnel, qui sont l'occasion de faire le point avec l'élève sur sa santé tant physique que mentale et sociale après le collège, période souvent délicate. Je me souviens de cette jeune fille présentant de multiples troubles d'apprentissages qui avait été harcelée au collège, et qui désormais était épanouie dans une filière qu'elle avait choisie, de ce jeune homme qui avait un regard critique sur ses problèmes d'hétéroagressivités passés », raconte Corinne Coppenolle.

Le médecin scolaire constitue un relai majeur entre les différents milieux dans lesquels évoluent les jeunes, il est expert de la santé à l’école. Tout en restant garant du secret médical, il peut apporter son expertise à l’équipe pédagogique, aux parents, aux jeunes, ou encore aux partenaires que ce soit à l’occasion d’une prise en charge individuelle ou collective. Il peut être amené à participer à des actions en équipe de protection de l’enfance, à des réunions pédagogiques ou encore à un projet de promotion de la santé.

Le médecin scolaire contribue à la réduction des inégalités sociales de santé et à favoriser la réussite scolaire des élèves, qui est un déterminant de santé tout au long de la vie d’un individu.

« J’ai choisi la FST car elle apporte une valeur clinique à l’internat de santé publique. Les sujets sur la santé de l’enfant sont très vastes et passionnants. Au-delà du travail de terrain, j’ai pu participer à l’organisation du service sanitaire des étudiants en santé lors de mon stage au rectorat de Grenoble. Plus de 600 étudiants ont été affectés à des établissements scolaires après avoir reçu une formation universitaire. Ils ont réalisé en binôme cinq séances d’éducation à la santé mobilisant les compétences psychosociales des élèves. Tout au long de ces séances, ils ont été accompagnés par les équipes pédagogiques de l’établissement. Dans le cadre de l’école promotrice de santé, nous avons également mené une grande enquête pour recueillir les besoins et préoccupations en santé auprès des collégiens de l’académie, nous avons eu plus de 7 000 réponses. Cela donne des pistes très concrètes pour améliorer la santé des jeunes à l’école. Il y a encore beaucoup d’autres aspects que j’apprécie : la formation des personnels, le travail en équipes pluridisciplinaires, l’animation de réseau, la protection de l’enfance… », témoigne Marie Kuenemann.

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Internes au CHU de Clermont-Ferrand

Corinne Coppenolle, Marie Kuenemann, Joséphine Odoul Internes

Source : Le Quotidien du médecin