Alors qu’il est difficile de prédire ce que sera la politique de santé en France à l’issue du second tour des élections législatives du dimanche 7 juillet, certains sujets forcent à se projeter à plus long terme. Notamment la relation entre changement climatique et santé. C’est ce qu’ont voulu faire les Shifters, association qui apporte son soutien au Shift Project, centre de réflexion sur la décarbonation de l’économie.
Pas question de céder au catastrophisme
Samedi 29 juin à Paris, plusieurs centaines de personnes étaient réunies pour le congrès Santé 2050 autour de la question « comment évolueront les pratiques professionnelles ? ». Soignants et scientifiques ont planché sur « les risques sanitaires dus au changement climatique et l’adaptation du système de santé nécessaire dans un monde post-carbone ». Et sur le premier point, le constat n’est pas réjouissant. La Pr Valérie d’Acremont, médecin tropicaliste et épidémiologiste, a alerté sur les effets du changement climatique, qu’ils soient directs, comme l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des canicules, des inondations, etc., ou indirects, via la biodiversité, la pollution et les facteurs socio-économiques. Elle a rappelé trois besoins essentiels : de l’eau propre, un air pur et de la nourriture. Et les exemples sont légion sur les difficultés d’accès à ces trois éléments, entre stress hydrique dans de plus en plus de régions, pollutions de l’air et malnutrition. Le Pr Xavier Lescure, infectiologue à l’hôpital Bichat et membre du Covars, a, lui, dressé le tableau de l’émergence des maladies infectieuses et de « ce qui nous pend au nez en 2050 : l’échec des antibiotiques ». Concernant l’impact du système de soins sur l’environnement, la Dr Hafsah Hachad, néphrologue à l’AP-HP, n’a guère été plus rassurante, soulignant que 8 % de l’empreinte carbone nationale est attribuable à la santé, avec en tête l’achat de médicaments et dispositifs médicaux.
Pas question de céder au catastrophisme pour autant, d’abord au vu de la mobilisation des professionnels aux profils variés, tant auditeurs qu’intervenants. Mais aussi parce que la journée a permis d’aborder des axes d’amélioration, avec par exemple des échanges sur les approches intégrées dans la prise en charge. La prévention a été citée à de nombreuses reprises car, finalement, le bon soin, tant pour le patient que pour l’environnement, n’est-il pas celui que l’on ne « consomme » pas ?
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