Alors que les médias ne cessent de communiquer en ce qui concerne les faits divers très répréhensibles pour certains et qui font suite à des comportements intolérables, nous ne devons pas oublier que les professionnels de santé sont aussi impactés par ce manque de civisme. Aussi ai-je décidé de développer les différentes problématiques qu’il a fallu, avec un trésor de patience, « emmagasiner » au plus profond de son for intérieur durant la période estivale 2024.
Absence de respect des places de parking réservées
Dans un premier temps le plus énervant est l’absence de respect des places de parking réservées aux médecins. Il est vrai que dans notre station balnéaire, il est souvent nécessaire de marcher de longues minutes pour garer son véhicule car le stationnement est quelque peu problématique (cité avec des rues très étroites), cela afin d’aller à la plage.
Aussi pour ne pas trop se fatiguer, il est plus simple de prendre les places réservées aux médecins du cabinet, ou stationner devant le garage de ces soignants. Ce qui est « amusant », c’est de voir les réactions de ces personnes peu éduquées lorsqu’ils prennent connaissance des mots placardés sur leur pare-brise. Ainsi certains (la plupart) partent sans s’excuser, et je pense comprennent assez bien leur manque de correction.
Mais le plus surprenant a été la réflexion d’un vacancier qui a eu l’audace de placer un mot dans la boîte aux lettres en expliquant que son comportement jugé peu raisonnable ne l’était pas, car en tant que salarié il avait le droit de se reposer et après tout ceux qui travaillent peuvent marcher aussi.
Impatience des patients
Il est également fascinant de voir l’absence de scrupules de certaines personnes qui sonnent à la porte du cabinet à 12 h 30. Après tout en zone balnéaire, nous devons nous mettre à la disposition de ces patients qui font la grasse matinée, et se lèvent tard !
Ayant une plage réduite de consultation sans rendez-vous (trois heures par jour), je refuse que les patients occupant ces plages soient dérangés par des personnes pouvant attendre deux ou trois heures pour être consultées sans rendez-vous. C’est ainsi qu’une touriste d’origine suédoise était inquiète car sa jeune fille avait une probable otite qui avait perturbé son sommeil la veille, et cette dernière refusait d’attendre une heure pour être reçue.
Tout aussi intéressant est de recevoir des touristes, habitués à ne pas respecter leur généraliste. Certains exigent pour une lombalgie simple une IRM, ou demandent la rédaction d’ordonnances pour toute la famille qui vit à l’étranger afin d’éviter de payer les médicaments voulus si ces traitements sont récupérés dans le pays d’origine (merci la Sécurité sociale française !). Il est également quelque peu irritant d’observer le comportement des ressortissants britanniques qui s’imaginent que les consultations, comme dans leur pays, sont gratuites. Certains touristes qui n’ont aucun moyen de transport (nous avons la chance d’avoir une gare pour acheminer les touristes) demandent pour effectuer des examens complémentaires (cas d’une radiographie) un bon de transport, cela alors qu’ils n’ont pas d’exonération de ticket modérateur pour obtenir ce précieux sésame.
Le plus fascinant est le salarié qui a pris goût a son repos estival, et afin de le prolonger n’a aucun scrupule de venir au cabinet pour demander un arrêt de travail. Après tout ne serait-il pas normal d’avoir au moins six à sept semaines de congé ?
Certains patients excédés par l’attente font parfois des réflexions quelque peu déplacées concernant la durée des consultations. Ainsi une personne assez remontée m’a expliqué qu’à Paris les professionnels de santé ne gardaient pas les malades plus de 10 minutes chrono en main. J’ai préféré dans ce cas ne pas tenir compte de ces propos inconvenants, mais je me suis permis de répondre que dans le sud du fait de notre accent parfois difficile à comprendre il était normal d’avoir des consultations plus longues. En ayant ce type de réponse humoristique, on arrive à faire rire l’assistance et ridiculiser celui qui est mal éduqué.
Le manque de respect de nos concitoyens est devenu banal, et de nombreux collègues acceptent cette donne
Même si de nombreux politiques mettent en avant l’absence de volontaires pour assurer les gardes de secteur, nous ne devons pas perdre de vue que certains assurent ce service. C’est le cas des généralistes de notre secteur, et parfois nous sommes quelque peu désabusés par les exigences de certains patients qui viennent sans être orientés par le régulateur pour des maux tout à fait anodins (ils profitent du départ d’un patient pour investir les lieux en se faufilant discrètement). Ce florilège de situations inconfortables (et ce ne sont que quelques exemples qui ne sont qu’une goutte dans un océan de mauvaises conduites) pour les professionnels de santé, nous montre que les incivilités deviennent monnaie courante.
Le manque de respect de nos concitoyens est devenu banal, et nombreux collègues acceptent cette donne car ils ne veulent pas être à l’origine d’un conflit ou de réflexions assez acerbes.
Dans ce contexte ne serait-il pas important qu’au sein de nos écoles, plutôt que de visiter certaines expositions qui n’ont aucune valeur ajoutée éducative, d’apprendre les règles élémentaires du savoir vivre ?
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