À quoi servait l’internat

Publié le 27/01/2023
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J’ai été nommé interne en CHU en 1980 suite à un concours organisé par la direction régionale de santé (DRASS). Chaque hôpital évaluait en accord avec les chefs de service ses besoins propres. Le statut de l’interne mentionnait en toutes lettres « l’interne est à la disposition de son chef de service ». C’était une forme de soumission au travail mais non dénuée de compensations.

Un compagnonnage bienveillant

Les internes formaient une corporation extrêmement soudée. Leur nombre était limité aux seuls réels besoins des services de soin. Ils bénéficiaient d’un compagnonnage extrêmement bienveillant et solidaire de la part de leurs aînés. Malheureusement certains patrons mandarins abusaient de leur pouvoir mais étaient connus pour cela et souvent raillés mais respectés. L’interne avait en compensation de ses heures de travail le respect, le droit au couvert voire au logement. Soutenu par les plus anciens et les chefs de clinique et certains agrégés et patrons bienveillants, il bénéficiait d’une formation de qualité.

Une dégradation des conditions

Vers 1984 la direction du concours d’internat est passée sous le joug du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Peu à peu les patrons hospitaliers n’ont plus eu leur mot à dire face à une administration tatillonne. Le concours d’internat est devenu national. La condition des internes s’est dégradée. Ils ont perdu le respect de leurs pairs. Sont devenus les simples chevilles ouvrières d’un hôpital en déshérence. Ont perdu leurs avantages sans compensations financières ni temps de repos. La mainmise de l’administration sur la gouvernance et le fonctionnement de l’hôpital public aggravée par l’instauration de la T2A et la loi Kouchner de 2002 ont porté le coup de grâce dont les internes, aux pieds de l’échelle des médecins hospitaliers, sont les premiers à faire les frais. En tant qu’ancien Interne qu’ils reçoivent tout mon soutien dans leurs actions.

 

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Retraité

Dr Frank Lepoutre

Source : Le Quotidien du médecin