Il y a quelques jours de cela dans notre quotidien préféré (« Le Quotidien du Médecin »), nous avons été informés de la prise de position de la mairie en ce qui concerne le déficit en médecin de la ville de Bourges. Cet édile a décidé de salarier des médecins (quatre visiblement) pour faire face à une pénurie future de l’offre de soins (cf. «Dans le Cher, Bourges dit banco au salariat des généralistes», lequotidiendumedecin.fr 26/06/2019)
Cependant, une telle prise de position nous amène à nous poser de nombreuses questions. Quel type de contrat sera proposé à nos collègues pour travailler comme un fonctionnaire ? CDD ou CDI ? De plus le salaire mensuel va-t-il être à la hauteur des espérances des candidats ? Au sein même de cette ville n’y a-t-il pas des médecins salariés qui effectuent des tâches administratives qui pourraient constituer ce panel ?
En travaillant 35 ou 39 heures par semaine, les médecins engagés ne vont-ils pas majorer le déficit médical ? En effet la moyenne de travail d’un libéral est bien au-dessus de 35 heures, et en proposant ce choix, on hypothèque quelque peu les chances d’avoir plus de plages de consultations disponibles (comme les assistants sont supposés permettre). Et puis, pourquoi salarier des médecins sur Bourges, alors que l’ARS n’a pas défini cette ville comme zone déficitaire ?
Toujours est-il que cet exemple, qui est superposable à ceux déjà relatés pour la Corrèze et d’autres départements ou villes, dénote l’individualisme des politiques des petites cités qui tentent, de manière pas nécessairement adaptée, de récupérer une partie de l’électorat de leur circonscription (n’oublions pas que les élections municipales se tiendront dans un avenir très proche).
Comment nos dirigeants acceptent-ils tout et n’importe quoi avec parfois des situations ubuesques où des maires construisent des maisons médicales qui sont des coquilles vides, alors que d’autres construisent des maisons de santé, et ce, alors qu’il n’existe pas de réel déficit en matière d’offres de soins ?
À une époque où le nombre de libéraux est très faible, il me semble plus logique d’utiliser cette ressource de manière plus raisonnée, et en concertation avec les Ordres, ARS… Cette façon de pratiquer permettrait de mieux gérer le potentiel des jeunes voulant s’installer en libéral (il est très faible !). De plus cette solution éviterait les surenchères salariales qui vont coûter très cher au contribuable sans qu’il soit nécessairement averti ou consulté.
De toute manière le but de la manœuvre de ces édiles est surtout électoraliste ; la santé des patients étant un « détail ». « La grande leçon de la vie, c’est que parfois, ce sont les fous qui ont raison ». W Churchill.
Dr Pierre Frances
Médecin généraliste,
Banyuls-sur-mer (66)
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