Je reviens du congrès de European Association of Science Editors (EASE) à Oslo, où environ 250 rédacteurs scientifiques se rencontrent tous les deux ans. Le thème était la mésinformation et la désinformation dans les revues scientifiques. Outre cette thématique, le congrès a été l’occasion d’appréhender l’engagement de l’EASE pour le développement durable.
Six axes de travail déployés
Plusieurs axes de travail ont été mis en œuvre. D’abord l’élimination des plastiques à usage unique. Ainsi, il n’y avait pas de gobelets, de couverts ou d'emballages en plastique – uniquement des alternatives réutilisables ; de la porcelaine et verrerie durables pour les repas et boissons ; et des stations d'eau au lieu de bouteilles d'eau. Le congrès incitait également à apporter sa propre bouteille. De plus, les lanières étaient en matériaux recyclés, et réutilisées chaque année. Le deuxième axe a été le choix d’une restauration durable. Un partenariat a été noué avec un traiteur respectueux de l'environnement s'engageant à ne pas produire de déchets alimentaires ; les ingrédients étaient d'origine locale ; les excédents alimentaires réutilisés pour nourrir le bétail, produire de l'énergie ou être compostés. Enfin, les repas sous forme de buffet mettaient l'accent sur les options végétales, réduisant la consommation de viande et de poisson.
En troisième axe, les documents imprimés. Les organisateurs et sponsors étaient encouragés à les minimiser : les matériaux imprimés étaient réduits à l’essentiel ! L’impression était réalisée sur du papier biodégradable (sauf pour les posters) tandis que le matériel de promotion était entièrement numérique - plus de sacoches de bienvenue remplies de papier ! Du côté des voyages et hébergements, des partenariats ont été mis en place avec des hôtels situés à distance de marche du lieu de l'événement, encourageant la marche comme meilleur moyen de transport entre les hôtels et l'événement. En plus d’un accès facile aux transports publics pour les longues distances, par exemple pour les transferts vers l'aéroport.
En termes d’équité et inclusion, des places étaient sponsorisées pour des congressistes afin de soutenir la participation mondiale avec 20 inscriptions offertes en mode distanciel. Une priorité était donnée aux étudiants, aux professionnels en début de carrière et aux chercheurs des pays à revenu faible et moyen inférieur. Afin de réduire l'empreinte carbone liée aux déplacements, la participation distancielle était possible. Et des offres accessibles permettaient de favoriser la diversité et l'intégration de la communauté scientifique.
Enfin, le EASE Global Forest a été mis en place pour un avenir plus vert. Il existe une organisation, Plant for the planet, qui plante des arbres afin de restaurer les écosystèmes. Depuis 2021, EASE a planté 2 882 arbres en remplaçant les cadeaux et sacoches destinés aux participants, et grâce aux dons des membres. Les lieux des plantations et ressources allouées sont sur le site de EASE.
Les participants adhèrent à la démarche
Les participants semblaient heureux de ces initiatives mises en œuvre à Oslo. C’était un petit congrès avec une communauté qui se connaît bien, mais les grands congrès évoluent aussi, parfois plus lentement. Par exemple, tous les congrès devraient être hybrides pour une meilleure inclusion… C’est possible avec la présence de techniciens et une organisation parfaite.
Les Nations unies ont adopté 17 objectifs de développement durables depuis 1992, et c’est en 2015 que tous les membres ont adopté un agenda pour 2030. Voici la forme abrégée de la version française : pas de pauvreté ; faim zéro ; bonne santé et bien-être ; éducation de qualité ; égalité entre les sexes ; eau propre et assainissement ; énergie propre et d’un coût abordable ; travail décent et croissance économique ; industrie, innovation et infrastructure ; inégalités réduites ; villes et communautés durables ; consommation et production responsables ; mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques ; vie aquatique ; vie terrestre ; paix, justice et institutions efficaces ; partenariats pour la réalisation des objectifs.
Depuis 2016, des rapports annuels décrivent le suivi des objectifs. Le rapport 2024 n’est pas très optimiste. Il commence ainsi : « Alors que nous entamons la seconde moitié de notre voyage vers 2030, les signes d'un mouvement mondial volontariste et soutenu se font toujours attendre. Le rapport de cette année révèle que seuls 17 % des objectifs sont en passe d'être atteints, que près de la moitié d'entre eux affiche des progrès minimes ou modérés et que plus d'un tiers d'entre eux sont au point mort ou ont même régressé ». Les changements dans les congrès sont un signe de ce mouvement volontariste.
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