Pollution de l'air : l'ANSES propose une révision des indicateurs de surveillance

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Publié le 16/07/2019

Crédit photo : S. Toubon

Entre 2000 et 2012, les émissions par le trafic routier de particules dont le diamètre est inférieur à 10 micromètres (PM10) ont diminué de 55 % en Île-de-France, les émissions de PM10 des poids lourds et des véhicules utilitaires légers ont diminué respectivement de 75 % et de 71 % sur 12 ans. Les émissions de PM10 des véhicules particuliers diesel ont diminué de 60 %.

Malgré ces chiffres rassurant, la pollution issue des gaz d'échappement, de l'usure des plaques de freinage et de la combustion de charbon et de biomasse représente toujours un risque sanitaire dénoncé par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) dans sa dernière expertise sur le sujet.

Dans ses conclusions, l'agence propose de revoir la classification des types de pollution dans la réglementation. Actuellement, seules les concentrations aériennes de particules PM2,5 et PM10 sont surveillées et réglementées. L'agence propose d'ajouter les particules ultrafines, le carbone suie et le carbone organique.

Cette recommandation se fonde sur une revue méthodique de la littérature épidémiologique et toxicologique portant sur 160 études. Parmi les 20 particules examinées dans le cadre cette métaanalyse, « les niveaux de preuves les plus forts d’effets néfastes pour la santé concernent le carbone suie (issu de la combustion incomplète de carburant ou de la combustion de charbon), le carbone organique (issu de la décomposition de débris organiques) et les particules ultrafines », est-il précisé.

Les chercheurs de l'ANSES ont en effet accumulé de nombreuses études épidémiologiques et mécanistiques qui relient les fortes concentrations de ces différents polluants à des atteintes respiratoires et cardiovasculaires, ainsi qu'à des décès anticipés.

Concernant la santé neurologique et la santé périnatale, le corpus d’études sur ce sujet est encore limité. Les niveaux de preuves sont moins élevés (modérées à fortes) concernant les effets néfastes de composés des particules, dont les aérosols inorganiques secondaires (incluant ammonium, sulfate, et nitrate) principalement, ainsi que pour les métaux de transition (fer, zinc, nickel, cuivre et vanadium), la silice et les endotoxines.

Le trafic routier sur le banc des accusés

Les épidémiologistes de l'ANSES ont aussi travaillé sur l'effet sur la santé, non pas des composés mais des sources de pollution, et en ont ainsi extrait des données statistiques très utiles pour les politiques d'aménagement urbain et les mesures à prendre en cas de pic de pollution.

Il en ressort une condamnation sans appel des émissions causées par le trafic routier : « Les données recueillies depuis 2013 sur le carbone suie, les particules PM2,5 et poussières de route ou encore les particules d’échappement diesel, confirment ou renforcent le lien avec des atteintes respiratoires et cardiovasculaires et les décès anticipés », peut-on lire dans l'expertise.

Selon les simulations établies par l'ANSES, les seules évolutions technologiques, comme la généralisation du filtre à particules ou le renouvellement et le recul du parc de véhicules diesel ne suffira pas à atteindre les valeurs guides de l'OMS. Pour parvenir à réduire l'impact de la pollution par les particules fines, l'ANSES considère qu'il faut principalement miser sur la réduction du trafic routier. « Les évolutions de technologies du parc de véhicules permettront une diminution plus ou moins marquée de la pollution de l’air ambiant selon les scénarios, mais elles seront insuffisantes pour améliorer, à elles seules, la qualité de l’air ambiant dans les agglomérations », estime l'agence.

Seule une réduction du trafic associée à la promotion des véhicules électriques en zone urbaine permettrait de réduire les émissions annuelles de carbone suie et de PM2,5 d’au moins 30 %.


Source : lequotidiendumedecin.fr