Médecins généralistes, gynécologues, ophtalmologues, pédiatres… tous les praticiens sont concernés. Dans une étude publiée mardi 8 novembre, l'association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir pointe l'ampleur de la « fracture sanitaire ». Le constat du « déplorable accès géographique et financier aux soins en France » est sans appel.
Pour mener son étude, l'association a croisé deux critères : l'éloignement géographique des médecins (accessibles à moins de 45 minutes de route) et les tarifs pratiqués (dépassements d'honoraires ou non).
Difficultés d'accès aux généralistes
Selon l'UFC-Que Choisir, 2,6 % de la population (soit 1,7 million de personnes) est concernée par un désert médical en généralistes, c’est-à-dire que ces zones ont une densité médicale « au moins 60 % inférieure à la moyenne nationale ».
En revanche, 23,5 % des usagers (soit 15,3 millions de personnes en France métropolitaine) éprouvent des difficultés à accéder à un omnipraticien, dans des zones à accès difficile (zones avec une accessibilité entre 30 % et 60 % inférieure à la moyenne nationale). Un chiffre bien supérieur à ceux avancés par le ministère de la Santé, qui estimait en 2018 entre 3,7 millions et 7,4 millions le nombre de Français vivant dans une zone sous-dotée en généralistes.
Et c’est pire pour d’autres spécialités. « 19 % des habitants du pays (soit 12,3 % de personnes) résident dans un désert médical pour l’ophtalmologie ». Pire encore pour l’accès aux gynécologues : 23,6 % des femmes vivent dans un désert. Et en pédiatrie, 27,5 % des enfants.
Trop de dépassements d’honoraires ?
L’UFC-Que Choisir rapporte que le frein financier est la première explication – pour 29 % des cas – du renoncement aux soins des patients. Il apparaît ainsi que « lorsque l'on ne prend en compte que l'accès aux médecins ne pratiquant pas de dépassements d'honoraires, la pénurie de médecins croît de manière affolante ».
La part des enfants vivant dans ces déserts médicaux pédiatriques passe ainsi à 46,8 % (+ 19,3 points), et celle des femmes résidant dans des déserts médicaux gynécologiques à 66,8 % (+ 43,2 points). Le pourcentage de la population vivant dans un désert médical ophtalmologique passe quant à lui du simple à plus du triple (62,8 %, soit + 43,8 points).
L’association rapporte que « 46,9 % des pédiatres, 64,3 % des ophtalmologues et 68,6 % des gynécologues pratiquent des dépassements d’honoraires (chiffres en très forte hausse depuis 2016) ».
Réguler l'installation des médecins
Alors, l’UFC-Que Choisir y va de ses propositions : elle demande aux législateurs de ne plus permettre aux médecins de s'installer en zones surdotées « à l'exception du secteur 1 (tarif de la Sécurité sociale) quand la situation l'exige (remplacement d’un médecin partant à la retraite ou zone très largement sous-dotée en médecins en secteur 1) ». Ainsi que de fermer l'accès au secteur 2 (à honoraires libres) et de supprimer les aides publiques aux médecins ne respectant pas le tarif de la Sécurité sociale (hors Optam).
L’association évoque également la téléconsultation, qui, selon elle, « peut avoir une utilité, d’autant plus faute d’accès à un rendez-vous en cabinet », mais, rappelle-t-elle, 17 % de la population ne sait pas se servir d’Internet (Insee) et 25 % des relevés de connexions mobiles au niveau national ne relèvent pas d’un bon haut débit (32 % dans les zones rurales). Les connexions internet fixes ne permettent pas d’avoir un bon débit « pour environ deux usagers sur dix », précise l’UFC-Que Choisir.
La carte interactive de la fracture sanitaire est consultable sur le site Internet de l'UFC-Que Choisir.
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