En s’installant fin 2017 à Pontlevoy (Loir-et-Cher), après un internat dans les DOM-TOM et quelques remplacements dans le sud de la France, le Dr Pierre Dorion était loin d’imaginer qu’il devrait, quelques mois plus tard, s’occuper de 2 000 patients.
Le décès du Dr Michel Barbier, le 31 mars, a laissé 1 200 patients sans médecin traitant et fait de Pierre Dorion le seul généraliste de la commune. Depuis, il enchaîne les consultations. « Je fais du 8 heures – 22 heures, six jours sur sept. J’ai récupéré tous les problèmes administratifs, les remboursements 100 % de mon collègue… Ces deux derniers mois ont été difficiles. J’ai commencé entrevoir ce qu’était le burn-out », confie le médecin au Généraliste.
Assurer deux à trois journées de consultations
Malgré des annonces pour trouver un remplaçant ou un collaborateur postées ici et là, Pierre Dorion n’a reçu aucune réponse. Heureusement pour lui, le Loir-et-Cher est devenu le second département à autoriser les généralistes à recevoir le renfort d’un remplaçant pouvant exercer simultanément au cabinet.
Depuis le 3 mai, le Dr Dorion peut donc recruter de jeunes médecins pour l’aider, en qualité d’adjoint* ou d’assistant**, avec l’objectif d’assurer deux ou trois journées de consultation supplémentaires par semaine. La commune l’aidant financièrement, le praticien rétrocède 100 % de leur activité aux volontaires. « L’idée est qu’ils viennent m’aider mais qu’ils ne soient pas pénalisés », explique Pierre Dorion.
Un accord renouvelable tous les trois mois
Grâce au bouche-à-oreille et à un groupe d’internes en médecine générale de Tours – où il a effectué son externat – le Dr Dorion commence à « boucher les trous ». Il a ainsi assez de remplaçants pour juin et commence à remplir son planning pour juillet et août.
La dérogation qui lui a été faite par la préfecture, en accord avec l’agence régionale de santé et le conseil de l’Ordre, est renouvelable tous les trois mois par tacite reconduction. Le médecin s’attend à voir cet accord prolongé et « à souffrir encore une bonne année », en tant qu’unique généraliste de Pontlevoy. Bien qu'espérant susciter des vocations, Pierre Dorion sait que les probabilités sont faibles : « Le mec qui va débouler et me dire "Coucou, ça me plaît ici, je reste", je n’y crois pas une seule seconde », lance-t-il.
Le Dr Dorion conserve malgré tout une once d’espoir. « Dans le lot, il y en a qui n’ont pas encore terminé l’internat et qui font six mois de disponibilité. Ils ne seront pas sur le marché tout de suite. Mais si dans un an je suis encore là et qu’aucun médecin ne s’est installé, et qu’il y en a un qui me dit ‘Cela m’intéresse’, ce sera avec grand plaisir. Mais nous n’en sommes pas là. »
Une chose est sûre : le Dr Dorion ne veut pas « bosser seul ad vitam aeternam ».
* pour les personnes non thésées détenant une licence de remplacement
** pour les médecins thésés, détenant une licence de remplacement mais n'étant pas Upas installés
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes