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« Le maire, le druide et le toubib », un documentaire sur les déserts médicaux

Publié le 08/07/2017

Ce samedi, la chaîne Public Sénat diffusera à 22h « Le maire, le druide et le toubib », un documentaire qui traite de la désertification médicale dans les communes rurales.

L'histoire commence en mars 2016 alors que la commune bretonne de La Roche-Derrien dans les Côtes d'Armor, annonce par une vidéo qu'elle s'apprete à accueillir un druide guérisseur du nom de Gwenn-Maël. Celui-ci devait pallier le départ d'un médecin généraliste et assurer la couverture médicale des quelques 5000 habitants du pays Rochois. Une curieuse annonce qui sera démentie avant même l'installation du druide dans le village. Et pour cause, Gwenn-Maël n'était en fait qu'un acteur au service d'une opération de communication qui avait pour but d'attirer l'attention des médias sur la situation de la commune.

Une opération payante puisqu'aujourd'hui les Rochois ont retrouvé un généraliste, le Dr Anne-Cécile Garrel qui s'est installée en juin 2016. Une enfant du pays qui travaillait jusqu'alors en tant qu'urgentiste à l'hopital de Lannion, à quelques kilomètres de là. Réalisé par Frédéric Lossent et David Désille, le documentaire revient sur cet épisode savoureux mais néanmoins alarmant sur la rarefaction de l'offre médicale.

« Un trait d'humour qui cache un vrai signal de détresse »

« Il y a aujourd'hui trois millions de Français qui vivent dans un désert médical » s'alarme Frédéric Lossent, contacté par legeneraliste.fr, « c'est une question qui dépasse les enjeux de santé ». Pendant un an de tournage avec son coréalisateur David Désille, ils ont pu témoigner - à travers cet exemple breton- de « l'effet domino » que peut produire la disparition d'un médecin sur un territoire : « le médecin s'en va, puis la pharmacie, puis la poste etc ... on passe d'un désert médical à un désert économique et social ». Ils ont également pu constater le sentiment d'abandon qui en découle et qui crée un cercle vicieux dans ces territoires. Tous deux journalistes de proximité et intérressés par la vie locale, c'est tout naturellement qu'ils ont souhaité traiter ce sujet. Le canular orchestré par la mairie était le point de départ idéal mais reste « un trait d'humour qui cache un vrai signal de détresse » insiste Frédéric Lossent.

Manque de prospective

Le documentaire traite « d'un sujet éminemment politique » malgré le regret des réalisateurs de n'avoir pas réussi à « filmer des échanges entre les protagonistes et des autorités de santé compétentes, comme le ministère ou l'Agence Régionale de Santé ». Pour Frédéric Lossent, l'un des problèmes que soulève le documentaire est celui de la définition d'un désert médical : « la vision de l'Agence Régionale de Santé n'est pas assez prospective, par exemple elle ne prend pas en compte l'âge des médecins sur un territoire avant de le déclarer ou non prioritaire ». C'est ce qui explique les difficultés qu'a rencontré la municipalité de La Roche-Derrien qui ne bénéficiait pas du statut prioritaire. Pourtant, la solution aurait pu être plus simple :avec « un petit soutien de la part des autorités de santé », le territoire aurait pu se rendre plus attractif et trouver plus rapidement un généraliste.

Extrait du documentaire « Le maire, le druide et le toubib »

Désormais, l'objectif des réalisateurs est d'organiser des projections devant des communautés médicales afin de permettre le dialogue et la réflexion sur le thème des déserts médicaux. Car ils sont persuadés que c'est, entre autres, par le dialogue entre ancienne et nouvelle génération de médecins généralistes, que les meilleures solutions seront trouvées.


Source : lequotidiendumedecin.fr