Akivi – pour Anatomical Knowledge in Virtual Immersion – a vu le jour loin des laboratoires de la Silicon Valley. C’est à Angers que le Dr Florian Bernard, neurochirurgien au CHU et maître de conférences en anatomie, a pensé, testé et peaufiné cette appli d’apprentissage de l’anatomie qui entend dépoussiérer les révisions. « L’idée m’est venue de mon propre vécu d’étudiant en médecine, confie le praticien. En amphi, on avait souvent le professeur face à des centaines d’élèves, un vocabulaire technique à digérer, des notes à prendre à toute vitesse… Et, une fois chez soi, il fallait tout reconstruire. En devenant à mon tour professeur d’anatomie, je me suis rendu compte que mes étudiants rencontraient le même problème. »
De ces frustrations naît, en 2017, l’envie de proposer une application pensée par les étudiants et pour les étudiants, en complément des cours magistraux et des traditionnels atlas de référence. « Nous avons essayé de définir l’outil digital idéal et nous avons construit une plateforme de e-learning, comme on le fait avec le code de la route, avec un ton plus horizontal. L’idée était de créer le Duolingo [appli interactive pour apprendre les langues, NDLR] de l’anatomie », glisse le neurochirurgien.
Pédagogie et parcours personnalisés
Mise au point en 2022, Akivi s'articule autour de vidéos claires et illustrées, d’images en 3D, de fiches de synthèse digestes et de QCM corrigés et commentés. Autant de contenus certifiés par des professeurs d’anatomie à destination des étudiants. « On leur dit ce qu’il faut savoir mais surtout pourquoi. L’objectif, c’est d’accompagner l’étudiant du niveau zéro jusqu’à celui attendu dans sa pratique », confie le fondateur.
Contrairement aux atlas classiques, supports de référence pour l’anatomie depuis le XVIIe siècle – où l’étudiant doit jongler entre planches et flèches par centaines –, Akivi fait le lien direct avec la clinique. « On leur explique très tôt les grandes pathologies du cœur, de l’œsophage, de l’estomac ; des référentiels qu’ils auront pour l’internat », insiste le Dr Florian Bernard. Akivi propose par exemple des imageries médicales, des dissections et parfois des sculptures reconstruites en relief. La philosophie de cet outil ? Accompagner sans assommer. « Tous nos contenus sont adaptés au niveau de l’étudiant, on propose aussi des parcours personnalisés pour les étudiants paramédicaux », renseigne-t-il.
Les retours sont prometteurs. Des études menées sur l’outil Akivi montrent une mémorisation améliorée, une compréhension facilitée des relations spatiales entre les organes et une capacité renforcée à faire des liens cliniques. Sur les stores, l’appli frôle les 5 étoiles et les retours des carabins sont unanimes : à Paris-Saclay, 90 % des étudiants s’en servent chaque semaine et 97 % veulent y avoir accès l’année suivante.
Cette approche intuitive et personnalisée a déjà séduit plusieurs facultés : Paris-Créteil, Paris-Saclay, Angers, Rennes, Nantes, Brest, Toulouse, Limoges. L’école pour aveugles et malvoyants Paul-Guinot, qui forme notamment au métier de kiné, s’appuie sur les vidéos Akivi pour enseigner l’anatomie à ses élèves. « Les atlas ne sont pas adaptés à ce public, alors on a bossé sur l’accessibilité avec un guidage audio et des vidéos légendées », précise le praticien. Prix de l’appli ? 70 euros pour l’abonnement annuel individuel et un forfait qui s’adapte pour les établissements en fonction du nombre de licences.
Prochaine étape, Akivi s’enrichira d’une IA générative. L’objectif est de permettre à l’étudiant de poser une question libre et d’obtenir une réponse claire, guidée vers la bonne vidéo ou la bonne fiche. « On va vers un enseignement adaptatif, capable de cibler les lacunes de chacun et de proposer des contenus sur mesure », assure le neurochirurgien. « J’ai créé cet outil pour l’étudiant que j’ai été. Aujourd’hui, je m’en sers pour enseigner et, bientôt peut-être, pour réviser mon agrégation d’anatomie », glisse-t-il, sourire aux lèvres.
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