Les conditions de réalisation, de prise en charge ainsi que les tarifs encadrant la téléconsultation et la télé-expertise ont été définis en 2018. « Donc, si l'on est motivé et qu'on en détermine des besoins, on peut le faire », déclare le Dr Éric Senbel (rhumatologue, Marseille).
La téléconsultation peut permettre une prise en charge plus confortable dans le cadre d'un suivi. C'est aussi un moyen pour le patient d'éviter des déplacements inutiles.
Pour être réalisable, il est nécessaire que le médecin connaisse le patient et ait eu une consultation physique avec lui au cours des 12 derniers mois précédant la téléconsultation.
À quoi cela peut-il servir en rhumatologie ? « Je pense, par exemple au suivi d'un patient souffrant de polyarthrite rhumatoïde pour lequel on a initié un traitement de fond. Au bout d'un mois ou deux, une téléconsultation permettrait de savoir si le traitement est bien toléré, si le patient est observant… sans qu'il soit obligé de se déplacer. De même pour la mise en place d'un traitement de la goutte. On peut aussi imaginer une urgence pour un patient connu qui fait de nouveau une crise de goutte… », explique le Dr Senbel.
Des moyens, mais encore des réticences
Concernant les moyens, il existe aujourd'hui de nombreuses plateformes de téléconsultation sur lesquelles médecins et patients peuvent s'inscrire.
Il existe également un forfait de 350 € permettant de s'équiper en vidéotransmission, de mettre à jour les équipements informatiques et de s'abonner aux plateformes de télémédecine pour assurer les actes de téléconsultation dans des conditions sécurisées.
La téléconsultation est facturée au même tarif qu'une consultation classique et les modalités de paiement et de remboursement sont aussi les mêmes.
« Les moyens techniques, les modalités financières ne sont plus vraiment des obstacles. Restent cependant des réticences, de la part des médecins (seuls 20 % disent qu'ils vont s'y mettre) mais surtout de la part des patients qui sont très attachés à ce que leur médecin les examine », souligne le Dr Éric Senbel.
« Cela va se mettre en place progressivement, probablement avec l'arrivée en libéral des jeunes générations. Et de toute façon, il ne faut pas que cela aille trop vite car ce que l'on craint, ce sont les dérives avec des plateformes commerciales qui feraient des téléconsultations avec des médecins ne connaissant pas les patients. La téléconsultation doit rester un complément de la consultation classique, une proposition que l'on peut choisir en fonction de la situation et du patient. »
Télé-expertise : une tarification insuffisante
La télé-expertise permet à un médecin de solliciter un confrère pour un avis particulier. Il existe deux niveaux de télé-expertises qui sont définis selon la complexité de la demande du médecin à l'origine de la demande (médecin requérant). Les télé-expertises de niveau 1 ne nécessitent pas la connaissance préalable du patient par le médecin télé-expert : il s'agit d'une question précise. Les télé-expertises de niveau 2 nécessitent la connaissance préalable du patient. Il s'agit d'un avis en réponse à une situation médicale complexe après étude approfondie.
Dans un premier temps, et ce jusqu'à la fin de l'année 2020, la télé-expertise est réservée aux patients pour lesquels l'accès aux soins doit être facilité au regard de leur état de santé ou de leur situation géographique : les patients en affection longue durée, les patients atteints de maladies rares, les patients résidant dans des zones où les médecins sont peu nombreux, dans un Ehpad ou dans une structure médicosociale ainsi que les personnes détenues.
La possibilité d'élargir ces actes de télé-expertise au bénéfice d'autres catégories de patients sera envisagée, ensuite.
La rémunération pour le médecin requis est de 12 € par télé-expertise de niveau 1 et de 20 € pour une télé-expertise de niveau 2. « Vu les niveaux de rémunération fixés, je ne crois pas du tout à cet essai. J'attends des télé-expertises complexes de niveau 3 qui pourraient être rémunérées au minimum 50 €. Cela ne concernera que peu de situations, mais il faut une rémunération correcte à la hauteur du travail fourni. C'est une réflexion que nous devons mener au sein du Conseil national professionnel » conclut le Dr Éric Senbel.
D'après un entretien avec le Dr Éric Senbel, rhumatologue à Marseille.
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