« Nous pensons que le numérique est un outil inédit et prometteur qui tombe à point nommé dans le processus de transformation de notre système de santé », a déclaré la Pr Dominique Le Guludec, présidente de la Haute Autorité de santé (HAS) ce 19 juin, devant les sénateurs. Elle leur présentait le rapport prospectif intitulé « Numérique, quelle (r) évolution ? ». Depuis 2017, la HAS est tenue de remettre chaque année au Parlement un rapport d'analyse prospective sur l'avenir du système de santé.
Au cœur du rapport 2019 est affirmée l'idée que le numérique doit être un outil au service des prises en charge sanitaires et socio-sanitaires des citoyens. « Le numérique peut aider à améliorer la qualité des soins et à fluidifier et coordonner les parcours », a résumé la Pr Le Guludec. Pour ce faire, la HAS préconise au préalable de structurer les données de santé pour permettre des échanges efficaces et pertinents. Par exemple, établir une relation entre une prescription (un anticoagulant) et un résultat de biologie permettrait d'adapter un traitement (ici, la posologie d’anticoagulants au regard des tests d’hémostase).
Des états généraux pour réfléchir à l'évolution des pratiques
Un recours vertueux au numérique implique son appropriation par les professionnels de santé. Ceux-ci doivent participer à la construction des outils et se former, par exemple à l'importance de renseigner des données de qualité, à l'utilisation de la réalité virtuelle et des impressions 3 D, ou aux enjeux éthiques du numérique, lit-on dans le rapport de la HAS. « Ce temps de la formation est certes une mise de jeu ; mais cela nous fera gagner beaucoup de temps ultérieurement », a estimé la Pr Le Guludec.
La HAS invite chaque soignant et jusqu'à chaque spécialiste de médecine, à réfléchir collectivement aux transformations qu'implique le numérique sur ses pratiques, sur le mode d'états généraux.
Elle encourage par ailleurs l'exploitation des données à des fins d'évaluation des soins, des technologies de santé, et des organisations et parcours, avec une publicité des résultats.
Évaluer les solutions numériques pour éviter un scandale sanitaire
« Un scandale sanitaire lié à un outil numérique serait la pire chose » qui puisse arriver pour saper toute confiance dans le numérique, prévient la Pr Le Guludec. La HAS recommande donc d'élaborer une « matrice d'évaluation » des solutions numériques qui indiquerait dans quel cas il y a besoin d'une évaluation, en fonction des risques médicaux que l'outil engendrerait. Si les logiciels d'aide à la prescription font l'objet d'une certification par la HAS, certains outils dans le diagnostic et la prise en charge (par exemple, la signature molléculaire dans le cancer du sein) ne sont pas réellement évalués, a regretté la Pr Le Guludec.
En outre, devraient être instaurés un suivi en conditions réelles d'utilisation des solutions numériques, et un pôle d'expertise numérique de référence.
Plaidoyer pour un encadrement éthique du numérique
Après le Comité national d'éthique, la HAS plaide à son tour pour un encadrement « éthique et responsable » du numérique et de l'Intelligence artificielle. Toujours soucieuse de garder la confiance des citoyens, elle propose de clarifier le régime de protection des données personnelles, de réévaluer régulièrement les risques de ré-identification des datas, de lutter contre toute dérive discriminatoire et d'introduire au niveau européen un principe garantissant les droits fondamentaux des usagers.
Enfin, le numérique ne sera jamais accepté socialement sans qu'un accès démocratique à ses outils n'existe, prévient la HAS. Et de promouvoir la médiation numérique et l'adoption des règles de littératie par les sites d'information et de démarche dans le domaine sanitaire et médico-social.
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