Comment améliorer la formation des médecins aux soins palliatifs ? La Conférence des doyennes et doyens de médecine (CDD) fait entendre sa voix alors que le sujet est au cœur des discussions des députés qui se penchent sur la proposition de loi (PPL) portée par Annie Vidal sur le renforcement des soins palliatifs et d’accompagnement de fin de vie. Plus consensuelle que la seconde PPL déposée par Olivier Falorni sur l’aide active à mourir, elle n’en est pas moins l’objet de vifs débats.
La PPL d’Annie Vidal intègre un volet sur la formation en soins palliatifs et sur l’accompagnement de la fin de vie. Un enseignement sur l’aide active à mourir a-t-elle une place dans les études médicales ? Non, répondent les doyens. « La CDD est opposée à l’introduction d’enseignements obligatoires sur la pratique de l’aide active à mourir dans les programmes de formation médicale initiale ou continue », écrit-elle, sans davantage argumenter, dans un communiqué. Elle a été suivie en ce sens par les députés ce 14 mai, quoique de justesse. En effet, ils ont dans un premier temps adopté l’amendement à l’article 8 (qui concerne sur la formation) défendu par Christophe Marion (Ensemble) ; cet amendement proposait que la mention de l’aide à mourir soit ajoutée à la création « d’un diplôme d’études spécialisées, de sorte qu’il devienne un DES en médecine palliative, en soins d’accompagnement et en aide à mourir ».
Mais les oppositions étaient telles que les députés ont finalement rejeté tout l’article 8 par 80 voix contre 73. La droite et l'extrême droite s'y sont largement opposées, à l'inverse de la gauche. « Ne pas former à l’aide à mourir, c’est laisser les soignants démunis. (…) Cette formation leur permettra justement de prendre connaissance de la clause de conscience », a plaidé l’insoumise Élise Leboucher. La ministre de la Santé Catherine Vautrin s’est opposée à l’introduction de la mention de l’aide à mourir dans la formation : « Si deux textes sont examinés, c’est bien qu’ils traitent de deux sujets différents », a-t-elle répondu à Christophe Marion.
Renforcer la formation spécialisée transversale, plutôt que créer un DES
En n’adoptant pas l’article 8, les députés sont aussi allés (pour l’instant) dans la direction des doyens. L’article veut inscrire dans la loi l'engagement du gouvernement pris en 2024, dans le cadre de la stratégie 2024-2034, de créer un diplôme d'études spécialisées (DES) en médecine palliative et en soins d'accompagnement, notamment pour valoriser cette filière. « C’était un choix que nous n’avions pas fait avant, car nous souhaitions que la culture palliative soit partagée par tous les soignants. Force est de constater que l’attractivité manque sans DES, sans oublier que nous avons besoin de former des spécialistes pour les unités de soins palliatifs et les équipes mobiles », décryptait pour Le Quotidien le Pr Régis Aubry, co-auteur du rapport Chauvin qui a inspiré la stratégie.
Mais la Conférence des doyens ne l’entend pas ainsi. « La CDD n’est pas favorable à la création d’un diplôme d’enseignement spécialisé (DES) de médecine palliative, estimant que ce DES ne permettra pas de diplômer un nombre suffisant de médecins spécialistes dans ce champ, la médecine palliative n’étant pas un choix privilégié par les jeunes internes en début de cursus », écrit-elle.
Elle plaide plutôt pour le renforcement de la formation spécialisée transversale (FST) de soins palliatifs créée en 2018. Actuellement, cette FST, d’un an, est accessible aux internes en formation initiale (pendant toute la durée de leur internat) ou aux médecins en formation continue, quelle que soit la spécialité médicale choisie ; elle permet l’obtention d’une « Mention » associée à la délivrance du DES d’origine et correspond à une surspécialité sans exercice exclusif.
La CDD demande d’une part une augmentation du nombre de postes ouverts à la FST, en formation initiale et continue (pour rappel, 112 postes pour les internes ont été ouverts à la rentrée 2024-2025 selon le ministère de la Santé). Et elle propose l’ouverture d’un parcours FST en 2 ans qui « offrirait à certains de ces médecins une formation plus approfondie en vue d’accéder à des responsabilités de chefferie de service et de s’inscrire dans une trajectoire hospitalo-universitaire ». Elle insiste de plus sur la nécessité de créer des postes hospitalo-universitaires en médecine palliative.
Enfin, la conférence recommande le renforcement des enseignements de l’éthique du soin et de l’éthique médicale dans la formation initiale et continue des professionnels de santé et promeut l’importance de la recherche pluridisciplinaire.
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