Le dispositif Mon soutien psy peine à convaincre, la Cnam relance l’offensive com’

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Publié le 01/04/2025
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Selon un sondage BVA pour l’Assurance-maladie, seulement 23 % des Français connaissent « au moins de nom » Mon soutien psy, le dispositif de consultations de psychologie facturées 50 euros et partiellement remboursées par la Sécu. C’est la raison pour laquelle la Caisse relance mardi 1er avril une campagne de communication à destination du grand public.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Qui connaît vraiment Mon soutien Psy ? Pas grand monde d’après les résultats d’un sondage BVA commandé par l’Assurance-maladie : seulement 23 % des Français connaissent « au moins de nom » le dispositif, qui permet la prise en charge partielle par la Sécurité sociale de séances chez un psychologue clinicien conventionné en cas de troubles anxieux ou dépressifs légers, pour l’ensemble de la population à partir de 3 ans. Après avoir mené une opération séduction auprès des psychologues en début d’année, pour les inciter à prendre part à cette offre de soutien psychologique plus accessible financièrement, la Caisse nationale d’assurance-maladie (Cnam) lance ce mardi une nouvelle campagne de communication à destination du grand public.

Depuis son lancement en 2022, Mon soutien psy peine à attirer les foules. En trois ans, le nombre de cliniciens volontaires a très lentement progressé pour atteindre 5 500 conventionnés en 2025. Le dispositif avait d’abord été boycotté par les psychologues libéraux, dénonçant des prix de consultation bien trop bas par rapport à leurs pratiques tarifaires habituelles, et des critères d’inclusion des patients trop rigides.

Après le constat d’échec formulé par Gabriel Attal début 2024 lorsqu’il était encore Premier ministre, l’offre de soutien psychologique a été assouplie l’été dernier. Depuis le 15 juin, il est possible de consulter un psychologue conventionné pour trouble anxiodépressif léger à modéré en accès direct, c’est-à-dire sans passer par le médecin traitant au préalable. Et ce alors que le sondage commandé par l’Assurance maladie révèle que 91 % des Français considèrent comme « normal » de parler de leurs problèmes psychologiques à leur médecin. Ils sont par ailleurs 79 % à estimer qu’il est « normal » d’aller chez un psychologue.

Plus embêtant pour les médecins qui ont bataillé pour arracher des revalorisations tarifaires à la Cnam l’année dernière lors des négociations conventionnelles, le tarif de la consultation psychologique faisant l’objet d’un remboursement par la Sécu est passé de 30 à 50 euros. Et ce, pour au maximum 12 séances par an.

Un tiers des psychologues éligibles sont conventionnés

Depuis le passage à 50 euros de la séance, le nombre de psychologues conventionnés a certes doublé mais cela ne représente à peine qu’un tiers des praticiens éligibles. « Nous sommes assez confiants sur le fait d'avoir une offre qui va augmenter », a assuré Marguerite Cazeneuve, la directrice déléguée de l'Assurance-maladie lors d'un point presse le 1er avril. D’après elle, entre 16 000 et 18 000 psychologues remplissent les conditions fixées par l'Assurance-maladie pour être conventionné et rentrer dans le dispositif (sur un total d'environ 75 000 psychologues, selon l'Insee). « L'objectif est de développer le dispositif pour que tout patient » souffrant d'une anxiété légère ou d'un trouble dépressif léger « puisse y avoir accès », a ajouté la numéro 2 de l’Assurance-maladie.

Pourtant, le collectif #Manifestepsy dresse un bilan plus sévère, dénonçant encore aujourd’hui « un véritable fiasco ». Le mouvement considère que tous les psychologues sont, sur le papier, « conventionnables », du moment qu’ils ont accumulé au moins trois ans d’exercice. Ainsi d’après eux, ce n’est pas un tiers des psychologues éligibles qui se sont portés volontaires mais seulement 5,64 % de la profession.

Au total, plus d’un demi-million de patients – 587 000 précisément – ont eu recours à Mon soutien psy depuis son lancement en 2022. En moyenne, les personnes ayant recours à Mon Soutien Psy font cinq séances. En 2023, 20 % d'entre elles ont utilisé le nombre maximum de séances, qui était de huit à l'époque (mais est désormais porté à 12). Depuis le démarrage, l'enveloppe totale dépensée pour les soins Mon Soutien Psy s'élève à 118 millions d'euros, dont 74,8 millions d'euros pris en charge par l'Assurance-maladie. Le montant pris en charge par les complémentaires santé reste cependant inconnu.


Source : lequotidiendumedecin.fr