Aux États-Unis, malgré la suppression de la garantie fédérale du droit à l’avortement par la Cour Suprême en 2022, qui a conduit 22 États à en restreindre ou à en bannir l’accès, le nombre d’interruptions volontaires de grossesses (IVG) est en augmentation en 2024. La Society for Family Planning (SFP) a lancé en avril 2022 l’initiative #WeCount, qui comptabilise le nombre d’avortements sur le territoire. Elle rapporte pour la première fois depuis le début de l’initiative un nombre national mensuel d’IVG supérieur à 100 000 (102 350 avortements en janvier).
L’augmentation du volume total d’IVG dans le pays démontre le besoin continu et grandissant de soins abortifs, lit-on dans le dernier rapport #WeCount, publié le 7 août. La moyenne mensuelle observée entre janvier et mars 2024 s’élève à 98 990 avortements (avec une valeur haute en janvier à 102 350 avortements et une valeur basse en février à 94 670 avortements, NDLR).
« Tandis que le volume d’avortements a augmenté, on sait que ce n’est pas l’entièreté du tableau », indique la Pr Alison Norris, du département Santé publique à l’université de l’État d’Ohio, coprésidente de #WeCount, dans un communiqué de la SFP. « Même avec une augmentation du nombre d’IVG à l’échelle nationale, la charge sur les individus vivant dans les États ayant banni l’avortement est gigantesque. »
La téléconsultation garantit l’accès à l’IVG
L’augmentation du recours à l’IVG s’explique par des lois protectrices – les « shield laws » – adoptées par des États démocrates depuis juillet 2023. Elles protègent les médecins pratiquant des consultations à distance (par téléphone, vidéo ou chat, suivies d’un envoi de médicaments abortifs par voie postale) pour les patientes vivant dans les États qui interdisent l’avortement.
L’IVG via des systèmes de télémédecine représente 20 % de tous les avortements aux États-Unis. « L’avortement par téléconsultation fait une différence majeure pour les personnes dans cet environnement aux restrictions croissantes. La télésanté permet aussi d’alléger la demande auprès des cliniques, qui restent indispensables pour l’accès à l’IVG alors qu’elles comptent pour 80 % des avortements », a déclaré la Pr Ushma Upadhyay, de l’université de Californie, coprésidente de #WeCount.
La SFP a recensé, entre janvier et mars 2024, 19 700 avortements par téléconsultation, dont 9 200 réalisés grâce à aux lois protectrices, soit une hausse de 16 % par rapport au trimestre précédent. La société suggère, comme cause de l’augmentation, le fait que ces avortements avaient jusque là tout de même lieu mais hors cadre médical, ce qui n’est pas sans danger pour les patientes.
Avec AFP
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