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200 généralistes proposent de supprimer sept actes pour gagner en temps médical

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Publié le 09/01/2023
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Dans une tribune publiée dans L’Express le 5 janvier, 200 médecins généralistes proposent de supprimer sept « actes inutiles, stupides ou insultants », de manière à gagner en temps médical.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Tandis que des médecins ont manifesté début décembre puis début janvier pour de meilleures conditions d’exercice, d’autres se sont engagés jeudi 5 janvier dans une tribune publiée dans l’hebdomadaire L’Express. Dans une série de sept exemples concrets, ces praticiens détaillent ce qui, pour eux, sont des « actes inutiles, stupides ou insultants ». Ils fustigent également la méfiance de l’Assurance maladie à leur égard.

Le premier d’entre eux est le certificat d’absence d’enfant malade. Celui-ci concerne l’employé qui doit garder son enfant souffrant et bénéficie de journée d’absence pour cela. « Comme l’employeur (ainsi que la cantine scolaire et la crèche) n’ont pas confiance dans les dires du parent, il faut qu’un médecin écrive ces dires sur un papier », écrivent les signataires.

Des certificats de sport injustifiés

Même avis pour le certificat d’arrêt de travail court, lorsqu’un employé doit s’absenter en raison d’un aléa médical du quotidien type fièvre, syndrome grippal, gastro-entérite, douleurs de règles etc. « La pandémie nous montre pourtant que les patients peuvent s’auto-déclarer un arrêt de travail (via le site declare.ameli.fr) et qu’ils utilisent ce service avec parcimonie. Cela devrait d’ailleurs inciter le ministre de la Prévention à supprimer les délais de carence, qui ont pour principale conséquence d’éviter les arrêts de travail pour virose (privilégiant la contamination au confinement) ou de retarder les arrêts de travail pour les personnes aux revenus les plus modestes et souvent les plus exposées à des métiers pénibles (les exposant alors à des soins longs et coûteux induits par une prise en charge tardive) », ajoutent les praticiens.

Certains certificats de sport sont injustifiés aux yeux des omnipraticiens : « il faut qu’un médecin signe un papier parfois inepte pour dire qu’un patient est apte à nager 50 mètres (difficilement testable en consultation), qu’un mineur en bonne santé peut courir ou qu’un adulte ne présente pas de contre-indication à la pétanque ou aux échecs en compétition. »

La confiance des assureurs privés

Les généralistes ironisent également au sujet des certificats des assureurs privés, quand un patient en arrêt prolongé souhaite bénéficier d’un maintien de revenu ou d’une aide pour un prêt, grâce à un contrat souscrit chez un assureur privé. « Comme cet assureur a soudainement perdu la confiance en son assuré qu’il lui accordait lors des prélèvements mensuels, il faut qu’un médecin généraliste lui révèle (illégalement) tous les antécédents du patient avant de rendre l’argent prévu dans le contrat. »

Idem pour la prescription médicale de transport, quand un patient a besoin de se déplacer auprès d’un professionnel de santé et faire appel à un ambulancier. « Comme l’Assurance maladie n’a pas confiance dans ces professionnels de santé, il faut leur fournir un papier pour confirmer le bien-fondé médical d’un transport dans un centre de soins », précise le collectif.

Prescrire des soins infirmiers tous les six mois

La toilette quotidienne auprès d’un patient depuis huit ans ou le suivi d’un patient diabétique depuis 15 ans nécessite une prescription de soins infirmiers tous les six ou douze mois, ce qui est également dénoncé par les médecins.

Les prescriptions de lit médicalisé sont elles aussi critiquées.

D’autres points sont également cités par le collectif de généralistes : simplification des démarches auprès des maisons départementales des personnes handicapées avec des droits plus longs, remboursement des consultations de diététiciens, un seul régime national d’Assurance maladie…

Généralistes, pas contrôleurs pour la Sécu !

« Dans un contexte de démographie médicale en berne, il est temps de repenser le rôle des médecins généralistes. Nous n’avons pas vocation à être "contrôleurs" ou "assureurs" pour l’Assurance Maladie, pour des assurances privées ou pour des employeurs publics ou privés. Si ces différentes instances souhaitent réaliser des contrôles, ils peuvent embaucher du personnel à cette fin et le faire : qu’ils arrêtent juste de considérer les médecins généralistes comme la caution de leur méfiance envers leurs concitoyens », écrivent les praticiens, dont le Dr Michaël Rochoy, à l'initiative de la tribune sur Twitter.

« Ce "choc de simplification" serait salvateur ; il n’implique aucune dépense d’argent public et libérerait des centaines de milliers de créneaux de consultation de médecine générale par jour en France, au prix de quelques heures d’efforts pour nos législateurs », concluent les 200 signataires.


Source : lequotidiendumedecin.fr