Éric Chenut est droit dans ses bottes et assume : sa proposition de mettre en place des équipes de soins traitantes, défendue lors d’une conférence de presse le 24 septembre, n’est pas nouvelle. Le président de la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF) l’avait déjà portée l’année passée, dans une logique de redéfinition du parcours de soins, non plus seulement autour du généraliste traitant, mais avec une équipe de professionnels de santé (médecin, infirmier et pharmacien). Lesquels seraient choisis par le patient ou proposés à l’échelle de son territoire, coordonnés par un assistant médical et auxquels d’autres soignants pourraient être intégrés en fonction de ses besoins.
Car selon Séverine Salgado, directrice générale de la FNMF, « le parcours médecin traitant est inopérant », déclare-t-elle, s’appuyant sur le chiffre de 6 millions de patients qui en sont dépourvus. Si elle croit dur comme fer aux équipes de soins traitantes, elle note toutefois « le préalable nécessaire » d’avoir recours au numérique dans cette optique.
Contre la coercition
Pointant « le hiatus entre les réalités objectives et ce que pensent les patients », Éric Chenut met en avant, en s’appuyant sur son « Carnet de santé 2024 » compilant des données factuelles sur le secteur, des chiffres probants : près de neuf Français sur dix vivent dans des zones considérées comme des déserts médicaux. En outre, 62 % des Français déclarent avoir dû renoncer à des soins au cours des 12 derniers mois, principalement en raison des délais d'attente (53 %). 68 % d’entre eux considèrent qu’il faut totalement réorganiser notre système de santé. Enfin, 77 % des Français estiment prioritaire d'encourager les soignants à s'installer dans les territoires où il en manque.
Interrogé sur la pertinence d’une régulation à l’installation des médecins, Éric Chenut a déclaré que ce n’était pas aux jeunes praticiens de payer les pots cassés. De surcroît, avec 87 % du territoire en situation de désert médical, « il y a donc très peu de territoires surdotés », a-t-il fait remarquer, préférant encourager l’usage du numérique : télémédecine, téléconsultation, téléexpertise, etc.
Parmi les autres solutions avancées par la Mutualité se trouve la volonté d’interroger la pertinence des prescriptions, le développement de la prévention et le financement de la perte d’autonomie par une couverture mutualisée. Le président de la Mutualité s’est aussi dit, sans paraître très enthousiaste, « prêt pour échanger avec le nouvel exécutif ».
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