« Ce n’est pas du tout ce que nous attendions », se désole la Dr Jocelyne Grousset, cosecrétaire générale du Syndicat national des médecins scolaires et universitaires (SNMSU-Unsa éducation), à la suite de l’intervention d’Élisabeth Borne aux Assises de la santé scolaire, mercredi 14 mai. La principale annonce de la ministre de l’Éducation, qui consiste à revaloriser le salaire de ces praticiens « jusqu’à 500 euros brut par mois », a laissé les représentants syndicaux sur leur faim. « Cette mesure n’interviendrait pas avant 2026. Ce n’est pas ça qui va améliorer l’attractivité du métier auprès des jeunes générations », tempête la Dr Grousset.
La médecin rappelle que l’effectif des médecins scolaires continue de fondre comme neige au soleil depuis quinze ans. Il est passé de 1 301 en 2011 à environ 600 médecins titulaires en 2024. De plus, avec une rémunération (traitement et primes brut) d’environ 3 000 euros en début de carrière et qui plafonne ensuite à 6 000 euros, les médecins de l’Éducation nationale ont « les salaires les plus bas de toute la profession médicale » dénonce le SNMSU. « Mais au moins, la ministre ouvre la porte », reconnaît la responsable syndicale qui reste toutefois prudente. « Il ne s’agit que d’une annonce ministérielle, dans le contexte politique actuel, il faut rester lucide. »
Au Syndicat national autonome des médecins de santé publique de l’Éducation nationale (Snamspen/Sgen-CFDT), on est encore plus remonté. « On ne constate aucune annonce concrète et sûre pour renforcer la présence de médecins scolaires formés alors qu’il y a urgence à se réorganiser pour faire face à des besoins criants de santé des enfants et des adolescents », fulmine la Dr Patricia Colson, secrétaire générale du syndicat.
Réaffirmer la triple mission de la santé scolaire
Dans le détail, le plan présenté ce mercredi s’articule autour de quatre priorités : réaffirmer la triple mission de la santé scolaire : prévention, détection et promotion de la santé ; agir dès le plus jeune âge pour renforcer la prévention ; faire alliance avec les partenaires de l’École pour garantir une prise en charge plus efficace et agir en faveur de la santé mentale, grande cause nationale 2025.
Y sont associés des objectifs déclinés autour de douze mesures, pour certaines faisant appel aux médecins scolaires. Ainsi, à partir de la rentrée scolaire 2026, 100 % des élèves devront bénéficier d’une visite médicale dès l’âge de 6 ans. Mais selon quelles modalités ? Selon le ministère, l’équipe éducative et la protection maternelle et infantile (PMI) ainsi que les personnels de santé, en lien avec le « pôle ressource de circonscription » (médecin, infirmier, psychologue du territoire), devront être à la manœuvre pour généraliser le principe d’« analyse personnalisée de la situation de santé » à tous les élèves. Cette analyse sera suivie si nécessaire d’une visite médicale avec le médecin scolaire, d’un bilan psychologique ou psychométrique avec le psychologue de l’éducation nationale ou encore d’une consultation avec une infirmière scolaire. Tout dépendra de la situation.
Par ailleurs, la ministre a également annoncé la prochaine conclusion d’une convention-cadre avec la direction générale des collectivités territoriales et l’Assurance-maladie pour assurer la visite de dépistage des troubles de santé de tous les enfants âgés de trois à quatre ans, prévue dans le code de l’éducation mais défaillante. Dans le détail, cette évaluation continuera à être majoritaire effectuée par les services de PMI. De son côté, la Cnam devra agir « en faveur de la détection des troubles visuels et des troubles du langage », indique le ministère. Les personnels de santé scolaire n’interviendront de manière complémentaire qu’en cas de besoin.
Une charge administrative encore trop lourde
Enfin, Grenelle et Ségur souhaitent recentrer les personnels sur leur cœur de métier (l’examen clinique des élèves) en allégeant leur charge administrative, en particulier celle des médecins. L’objectif est de répondre à une demande récurrente de la profession, qui se plaint de longue date de crouler sous la paperasse.
Ainsi, pour un élève souffrant de trouble d’apprentissage qui réclame l’élaboration d’un plan d'accompagnement personnalisé (PAP), « le médecin scolaire pourra être sollicité par l’équipe éducative mais son avis ne conditionnera plus la mise en place des aménagements pédagogiques » à partir de la rentrée prochaine, détaille le cabinet d’Élisabeth Borne. Qui annonce par ailleurs la nomination de 100 conseillers techniques en santé mentale, soit un par département. Ils seront recrutés prioritairement dans le pool des psychologues de l’éducation nationale. Dans la même veine, les visites médicales pour autoriser les lycéens à utiliser des machines dangereuses seront réduites à une seule par cycle.
Rien de vraiment concret sur le manque d’effectif criant des médecins scolaires, rien pour relancer l’attractivité du métier
Dr Jocelyne Grousset
Au final, ni la promesse d’une revalorisation salariale, qui n’a pas été concertée en amont des Assises avec les syndicats, ni les autres mesures du plan ne satisfont les représentants du secteur. « On ne nous a rien annoncé de vraiment concret sur le manque d’effectif criant des médecins scolaires et guère plus pour relancer rapidement l’attractivité du métier, conclut la Dr Grousset, dépitée. Sauf si l’on prend en compte de nouveaux groupes de travail pour des résultats attendus à l’horizon 2027. »
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