Agnès Buzyn a annoncé ce vendredi 14 juin le déblocage de 70 millions d'euros en réponse à la crise qui secoue les urgences depuis trois mois. La ministre de la Santé avait réuni avenue de Ségur une cinquantaine de représentants du secteur pour leur décliner les mesures annoncées la semaine précédente au congrès Urgences 2019 et lancer officiellement la mission de refondation des services d'urgences.
« Lors de cette réunion, nous avons pu entendre tous les points de vue », a déclaré Agnès Buzyn avant d'évoquer les premières mesures prises pour éteindre le feu.
55 millions de primes pour les agents
Dans le détail, l'enveloppe de 70 millions d'euros annoncée est double. Une partie est d'abord fléchée vers les professionnels des services d'urgences qui se verront attribuer deux primes : une prime de risque de 118 euros brut mensuels (100 euros nets) à partir du 1er juillet à destination des 30 000 agents non-médicaux « en contact avec le public des urgences » (brancardier, aide-soignant, secrétaire, infirmière, etc.) et une prime de coopération (100 euros brut mensuels) pour les infirmiers et aides soignants qui se verront confier de nouvelles compétences dans le cadre de protocoles de délégations de tâches. « J'encourage un maximum de services d'urgences à se saisir de ces protocoles de coopération », a lancé la ministre.
Ces deux rallonges devront être effectives dès le mois de juillet. Elles ne se destinent pas aux médecins qui « bénéficient déjà d'un salaire supérieur », a précisé Agnès Buzyn. Au total, 55 millions d'euros seront distribués par ce biais.
Les 15 millions d'euros restants rempliront une enveloppe de recrutement à destination des établissements en tension. Elle devra leur permettre de renforcer leurs effectifs paramédicaux pour répondre aux situations exceptionnelles durant la période estivale et éviter les fermetures de lit. Ce budget sera alloué en fonction des besoins par les agences régionales de santé (ARS).
En outre, une enveloppe complémentaire sera allouée « d'ici la fin de l'année » aux établissements qui en font la demande pour rénover les services d'urgences les plus vétustes. La ministre a aussi annoncé le rehaussement du plafond des heures supplémentaires à 20 heures par mois ou 240 heures par an, là où il était limité à 15 heures par mois et 180 heures par an jusqu'à présent.
Une réunion est déjà prévue le 18 juin au ministère avec tous les professionnels des urgences pour préparer la période estivale.
Des solutions concrètes, pas un énième rapport
La réunion était aussi l'occasion de lancer officiellement la mission sur les urgences confiée par Agnès Buzyn au député et urgentiste Thomas Mesnier et au Pr Pierre Carli, président du Conseil national des urgences hospitalières (CNUH). La ministre attend de cette « mission commando » des « propositions pragmatiques » pour repenser l'ensemble des urgences. « Nous n'avons pas besoin d'un énième rapport, nous avons besoin de solutions », a-t-elle prévenu.
« Nous nous orienterons très vite vers les solutions », a assuré le Pr Pierre Carli qui souhaite aller au plus près du terrain pour, au choix, y apporter des « solutions éprouvées par l'expérience », en développer « certaines qui n'ont pas pu être menées à bout », en réutiliser d'autres « qui ont donné de bons résultats mais se sont diluées » ou enfin, en imaginer « de nouvelles avec un impact notable et mesurable ».
« Il nous faudra aussi articuler les solutions déjà proposées dans de nombreux rapports et nous en servir comme boîte à outils », a abondé le Dr Thomas Mesnier. Pas question d'apporter une solution unique pour tous les services d'urgences de France néanmoins. « Il sera absolument impératif d'aller dans tous les territoires pour analyser tous les types d'urgences car si le mal est global, la symptomatologie locale, bien souvent, diffère », analyse-t-il.
Les conclusions devront être remises à la ministre « avant le mois de décembre » pour faire face à la période de tensions hivernale. D'ici là, toutes les solutions qui émergeront des réflexions de la mission pourront être mises en œuvre avant le rendu définitif.
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