Les cahiers de doléances, mis en place dans le cadre du Grand débat, font ressortir un constat clair : les Français considèrent que la santé est un service public comme les autres, auquel ils ont le droit. Un constat qui se heurte aujourd’hui dans bien des territoires à des problèmes d’accès aux soins, mais aussi à la vision des professionnels de santé libéraux. « Les Français cotisent pour la santé donc ils considèrent que c’est un service public qui leur est dû, mais les professionnels de santé ne se vivent pas comme un service public », a souligné Agnès Buzyn, à l’occasion de ses vœux à la presse ce matin. « Il ne faut pas crisper ces médecins qui ont fait le choix d’une profession libérale », estime-t-elle. Et surtout avec des propositions de mesures coercitives qui se multiplient et contre lesquelles la ministre aura peut-être de plus en plus de mal à résister.
Une nouvelle proposition de conventionnement sélectif, du député socialiste Guillaume Garot, doit ainsi être examinée à l’Assemblée ce mercredi. « Ma solution est de répondre par une transformation du système de santé et pas des mesures simplistes, explique la ministre de la Santé. Le problème de la médecine de demain ne repose pas uniquement sur l’installation. Il s’agit de voir comment, face aux malades chroniques, on répartit mieux les tâches. Le médecin n’est pas seul vis-à-vis de la prise en charge », pointe-t-elle, évoquant notamment les réformes sur les CPTS (communautés territoriales professionnelles de santé) ou les délégations de tâches pour appuyer son propos.
L'exemple étranger
La ministre de la Santé entend bien continuer à se battre contre les propositions de coercition, aussi parce que cela pénaliserait « juste les jeunes ». « On ne va pas changer les règles en cours de route alors qu’ils ont déjà fait 15 ans d’études », estime-t-elle. Elle brandit aussi comme exemple celui des pays étrangers ayant déjà expérimenté de telles mesures. « En Allemagne, au Canada, cela a été un échec. Les médecins se sont installés dans les zones limitrophes », souligne-t-elle. Malgré une pression insistante des élus locaux, Agnès Buzyn est optimiste et considère que le combat n’est pas vain. « Quand on l’explique aux élus, ils l’entendent et comprennent que c’est une fausse bonne idée. Idem avec des gilets jaunes avec qui j’ai pu en discuter la semaine dernière en Lozère ».
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