Durant les deux premières semaines de confinement, beaucoup de médicaments de maladies chroniques ont été délivrés en pharmacie, les patients effectuant alors un stockage de leur traitement. Par ailleurs, il a été observé une baisse de la délivrance de produits nécessitant la prescription d'un médecin, notamment les vaccins, jusqu'à - 70 %.
C'est ce qu'il ressort d'une étude sur « l'usage des médicaments de ville en France durant l'épidémie Covid-19 » effectuée à partir des données de remboursement du système national des données de santé (SDNS). Ce travail de pharmaco-épidémiologie a été conduit par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm) et le groupe d'intérêt scientifique Epi-Phare.
Une augmentation de 20 à 40 % des ventes...
Durant les semaines 12 et 13 (du 16 au 29 mars), il a été observé une croissance importante (de + 20 à 40 %) de la délivrance de médicaments pour les maladies chroniques. « Ainsi, près de 600 000 personnes supplémentaires se sont rendues en pharmacie pour la délivrance d'un traitement anti-hypertenseur en semaine 12 et 470 000 en semaine 13 », indique ce rapport. La délivrance des antidépresseurs a augmenté de 22 % en semaine 12, et celle des anti-psychotiques de 21,5 % en semaine 13. Les antiparkinsoniens, les médicaments anti-VIH, les inhibiteurs de la pompe à protons, les traitements à base de lévothyroxine... ont aussi vu leur vente augmentée. En semaine 12, la contraception de femmes a fait l'objet d'une nette augmentation : + 45,3 % en semaine 12.
...mais baisse majeure d'autres traitements
« A contrario, les délivrances de médicaments dont l'administration nécessite le recours à un professionnel de santé ont baissé en semaine 12 et 13, indique le rapport. Ceci inclut les vaccins (- 50 à 70 % pour les vaccins anti-HPV, le ROR, et les vaccins anti-tétaniques, et - 23 % pour les vaccins penta/hexavalents des nourrissons en semaine 13). » D'autres médicaments, comme ceux destinés au traitement de la DMLA (anti-VEGF), le DIU avec progestatif, et des produits destinés à des actes médicaux ont été aussi moins vendus. La délivrance des inducteurs d'ovulation a baissé de 64,8 % en semaine 13.
Baisse de 67 % pour l'ibuprofène, élévation de 145 % pour l'hydrochloroquine
Ce rapport nous apprend également qu'il y eut une forte diminution de la délivrance d'anti-inflammatoires : pour l'ibuprofène - 67 % en semaine 13, faisant suite à une élévation des ventes en semaine 12. Il n'est surprenant de constater une élévation de la vente de paracétamol la première semaine de confinement (+ 33,6 %), et surtout de la fameuse chloroquine/hydrochloroquine : + 70 % en semaine 12 et + 145 % en semaine 13.
Cet état des lieux effectué sur la vente des médicaments est poursuivi. Il constitue un des outils pour évaluer l'activité sanitaire dans notre pays, et une nouvelle analyse sera conduite prochainement. Ces données viennent également confirmer la tendance d'un moindre recours au médecin généraliste depuis le début du confinement.
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