« Amplifier, accélérer et simplifier ». Sous le feu des critiques depuis plusieurs jours pour un démarrage jugé raté de la campagne de vaccination, le gouvernement veut changer de braquet. Invité ce matin de RTL, Olivier Véran a annoncé un nouvel élargissement de la vaccination. En plus des professionnels de santé de plus de 50 ans, les pompiers et les aides à domicile dans cette même tranche d’âge pourront également se faire vacciner immédiatement. D’ici à fin janvier, l’élargissement concernera également tous les plus de 75 ans qui ne sont pas en Ehpad, soit 5 millions de personnes éligibles.
Afin de pouvoir vacciner plus et plus rapidement, le ministre de la Santé a également annoncé le déploiement rapide de centres de vaccination un peu partout en France, en plus des hôpitaux. Dès cette semaine 100 centres seront mis en place sur tout le territoire, puis « 300 la semaine prochaine et 5 à 600 d’ici fin janvier ».
La politique du chiffre
Le retour des « vaccinodromes », comme lors de la grippe H1N1, rappelle des mauvais souvenirs aux médecins libéraux qui espèrent ne pas être une nouvelle fois laissés sur le bord de la route. « Le gouvernement est acculé et il essaie de trouver des moyens de faire du chiffre assez vite. Pour cela il n’y a pas 36 solutions, et il est contraint de faire venir les professionnels de santé aux vaccins plutôt que de leur apporter », explique le Dr Jacques Battistoni, président du syndicat MG France. C’est pour cela que les 100 premiers centres qui vont être mis en place dans chaque département, le seront à proximité de là où sont stockés les vaccins, adossés aux CHU et aux centres hospitaliers des grandes villes. Mais les médecins libéraux seront particulièrement attentifs à l’implantation des suivants. « Nous réclamons que les autres centres se mettent en place là où se trouvent déjà les organisations territoriales existantes, comme les centres Covid dédiés », souligne le Dr Battistoni. « Il est hors de question que tout se tienne dans les établissements de soins, si nous devons aller faire à l’hôpital, ça ne va pas le faire », abonde le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF.
La consultation pré-vaccinale en question
Le généraliste mayennais reproche au gouvernement de faire payer aux généralistes ses propres erreurs. « Dans toutes les réunions que nous avions en décembre, la vaccination des professionnels de santé était prévue pour mars, et dimanche brusquement ils décident que cela doit se faire immédiatement. Maintenant on nous dit qu’il faut qu’il y ait d’ici la fin du mois trois centres par département, mais le cahier des charges de ces centres n’est toujours pas sorti », s’agace-t-il. « Acculé, le pouvoir politique est en train de faire porter aux généralistes le fiasco de cette impréparation », estime-t-il.
Mais les médecins libéraux ne veulent pas céder à la précipitation pour répondre à une logique du chiffre. Ce matin, Olivier Véran a aussi laissé entendre que la « simplification » de la vaccination pourrait aussi passer par une simplification de la consultation pré-vaccinale, les discussions étant en cours pour passer par un dispositif « plus direct ». « Elle est déjà très simple, affirme le Dr Duquesnel, le gouvernement est prêt à s’affranchir de toutes les règles de sécurité pour afficher des nombres, mais nous ne nous inscrirons pas dans cette dynamique-là », prévient-il. Le Dr Battistoni, de son côté, met en garde le gouvernement sur l’échec annoncé s’il décide de se passer des médecins traitants. « L’enjeu principal de la vaccination n’est pas de le faire le plus vite possible mais de vacciner le maximum de la population. Aujourd’hui seulement 40 % à l’intention de le faire, la grande erreur de 2009 a été de ne pas convaincre les gens, donc il est important de prévoir un temps de discussion entre les patients et leur médecin ».
Le gouvernement doit détailler jeudi lors d’une conférence de presse de nouveaux détails sur l’accélération de cette campagne vaccinale et notamment un dispositif pour permettre aux Français qui souhaitent être vaccinés de pouvoir s’inscrire pour prendre rendez-vous « sur Internet, par téléphone sans doute, et pourquoi pas par l’application TousAntiCovid ».
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