Alors que la crise enfle dans les services d'urgences, la porte-parle du gouvernement Sibeth Ndiaye a estimé que la situation, qui « ne date pas d'aujourd'hui », est le résultat d'une défaillance de la médecine de ville.
Aux urgences, « la situation s'est sédimentée parce que de mauvaises décisions ont été prises depuis des années et des années », a analysé ce mercredi au micro de RTL l'ancienne chargée de communication d'Emmanuel Macron (durant la campagne présidentielle puis à l'Élysée). Le temps d'attente pouvant grimper à « 9, 10 ou 11 heures », « ce n'est pas par choix que les gens vont aux urgences, c'est parce que la médecine de ville n'est pas au rendez-vous, c'est cela que nous devons organiser ».
« Ces 20 dernières années, nous avons multiplié par deux le nombre de personnes qui vont aux urgences », a-t-elle ajouté, évoquant le chiffre de 10 millions de passages en 1996 à 21 millions aujourd'hui.
Afin de répondre aux demandes de solutions « immédiates » des personnels et médecins pour sortir les urgences du marasme, le gouvernement « a augmenté les tarifs hospitaliers » en 2019, un geste qui n'avait pas été fait « depuis dix ans ».
Sibeth Ndiaye s'approprie également la mise en place en novembre 2017 du diplôme spécialisé (DES) de médecine d'urgence, qui s'inscrit en réalité dans la réforme au long cours du 3e cycle. « Dans 12 à 18 mois, 461 urgentistes vont être formés pour pouvoir arriver dans les hôpitaux », a-t-elle assuré, en écho aux propos d'Agnès Buzyn lors d'un déplacement à Ajaccio, le 28 mai.
Des arrêts maladie dévoyés
Agnès Buzyn est de son côté « disponible pour recevoir » les soignants et « trouver des solutions » à leurs « difficultés », a également souligné Sibeth Ndiaye, sans indiquer si la ministre de la Santé se rendrait à leur congrès, qui se tient à partir de ce mercredi à Paris.
Après plus de deux mois de grève, un palier a été franchi début juin avec une vague d'arrêts maladie chez les soignants. Agnès Buzyn a estimé mardi à propos de ces arrêts qu'ils revenaient à « dévoyer ce qu'est un arrêt maladie ». Sibeth Ndiaye a dit « ne jeter la pierre à personne » étant donné la situation de l'hôpital français, appelant « tout le monde à converger pour essayer de trouver des solutions ».
Une manifestation est prévue jeudi 6 juin à Paris et mardi 11 juin dans toute la France.
Demande d'excuses de l'UFML-S
La prise de position de la porte-parole du gouvernement sur la médecine libérale a immédiatement fait réagir le président de l'UFML-Syndicat. Le Dr Jérôme Marty lui a réclamé sur Twitter des excuses.
«Dire que la médecine de ville n'est pas au rendez-vous, c'est la rendre responsable du drame vécu par nos consœurs, confrères, collègues et personnels des urgences, c'est vouloir user d'un vieux principe politique : diviser pour masquer ses propres responsabilités », tacle-t-il. Et d'ajouter : «nous étions là avant vous, nous serons là après vous ! »
Ma demande d'excuses à @SibethNdiaye suite à ses déclarations sur @RTLFrance ce 05 06 19 : surcharge des urgences "la médecine de ville n'est pas au rendez vous"@afpfr @APMinfos @TICsante pic.twitter.com/lqdgc1T27O
— DrMartyUFML-S (@Drmartyufml) June 5, 2019
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes