« Depuis le mois de janvier, il n'y a plus de médecin sur l'île de la Désirade (environ 1 500 habitants) et la population rencontre une forte difficulté d'accès aux soins », ont indiqué l'Agence régionale de santé de Guadeloupe, l'Union régionale des praticiens de santé et la Sécurité sociale, dans un courrier d'appel au volontariat, diffusé début mars sur les réseaux sociaux.
Classée au 4e rang des régions françaises ayant les densités de médecins généralistes libéraux les plus faibles, la Guadeloupe est un désert médical selon l'Observatoire régional de la santé en Guadeloupe (Orsag) avec 87 médecins pour 100 000 habitants contre 99 pour 100 000 en France métropolitaine.
Afin d'attirer les praticiens, l'ARS locale promet un contrat d'aide à l'installation « majoré pour La Désirade, jusqu'à 60 000 euros », ou « un contrat de début d'exercice », lequel « offre un revenu minimum garanti pouvant aller jusqu'à 11 000 euros par mois », s'il s'agit de la première année d'exercice, mais aussi des avantages fiscaux.
Une pénurie sur tout l’archipel
Cette petite île n'est pas la seule zone de l'archipel en pénurie de médecins. « Nous avons un vrai déséquilibre territorial en matière d'accès aux soins », note Jean-Claude Lucina, ancien directeur des soins de l'ARS Guadeloupe. En effet, si les gros bassins de population, d'activités économiques et touristiques ne manquent pas de médecins, les Grands Fonds, le Nord-Basse-Terre, ou certaines communes de la Côte-sous-le-Vent sont moins pourvues.
« Parfois, nous avons des patients qui viennent de loin », indique Aurélien Collignon, médecin généraliste à Petit-Bourg, commune centrale de l'île, installé depuis 10 ans. « La vie quotidienne sur une île, c'est plus compliqué que sur un continent, cela peut rebuter les velléités d'installations », explique Jean-Claude Lucina.
Le territoire se classe également au 7e rang pour les praticiens spécialistes installés en libéral, selon l'Orsag, avec 68 pour 100 000 habitants contre 94 pour 100 000 habitants dans l'Hexagone, avec de surcroît des praticiens plus âgés : 63 % des spécialistes libéraux avaient plus de 55 ans en 2021.
Trois maternités en Guadeloupe
En matière de gynécologie, même si la Guadeloupe est un peu mieux lotie que l'Hexagone (12,9 pour 100 000 habitants, contre 11,6 en France métropolitaine), le territoire n'a plus que trois maternités dont une de niveau 3, qui accueille les cas les plus compliqués.
« Lorsqu'en 2012, la maternité de Marie-Galante a fermé, les femmes ont dû venir accoucher en Guadeloupe », raconte Francelise Nadessin, sage-femme coordinatrice du réseau Périnat qui organise l'hébergement en Guadeloupe des parturientes des îles durant la fin de la grossesse. « Chaque année, cela concerne 60 à 70 personnes qui viennent des îles du Sud, mais aussi de Saint-Martin, notamment les femmes avec des grossesses à risque », ajoute-t-elle. Sur l'île de Marie-Galante, un gynécologue se déplace toutes les semaines pour assurer les consultations.
Une faculté de médecine pour attirer les médecins
Sur le territoire guadeloupéen, on mise beaucoup sur les maisons de santé qui se développent dans les communes pour attirer et fidéliser les médecins. Mais aussi sur une faculté de médecine annoncée par le gouvernement le 17 mars et qui doit « contribuer à améliorer la démographie médicale aux Antilles-Guyane », en apportant un cycle de formation complet et donc un « levier d'attractivité », selon un communiqué du gouvernement.
Une annonce loin de faire l’unanimité : un collectif d'étudiants en médecine et de parents s'est d'ores et déjà constitué pour dénoncer une « obligation d'effectuer leur 2e cycle localement », redoutant que « la désorganisation de l'Université des Antilles et les problèmes structurels des CHU de Guadeloupe et Martinique impactent lourdement la qualité de leur formation », écrit le collectif sur Twitter.
Pour toute information et pour candidater, les volontaires peuvent contacter le service attractivité et protocoles de coopération de l'ARS, par mail (ars971-attractivite-protocole@ars.sante.fr) ou par téléphone (0690 74 15 24).
(Avec AFP)
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