Manque d'accompagnement, changements de cartographie en cours de cursus, frustrations à l'installation… Il y a tout juste une semaine le syndicat d'internes Isnar-IMG, présentait lors de son congrès un bilan peu élogieux du contrat d'engagement de service public (CESP). Cette bourse, accordée aux étudiants en médecine s'engageant à s'installer dans un désert une fois leur thèse passée, a séduit plus de 2 600 futurs médecins depuis sa création en 2010. Mais aujourd'hui, certains jeunes médecins dénoncent les dysfonctionnements du CESP et sont prêts à rembourser les sommes qu'ils ont perçues lorsqu'ils étaient étudiants – 5 % ont rompu leur contrat.
80 000 euros à rembourser
C'est le cas du Dr F., qui souhaite préserver son anonymat. Ce dernier a récemment écrit à son ARS pour l'informer de son souhait de rembourser son CESP, soit entre 75 000 et 80 000 euros. « Je le fais principalement à cause du changement de cartographie », a indiqué le Dr F. contacté par Le Généraliste. Après avoir signé son contrat, le futur généraliste se renseigne sur les territoires susceptibles de l'intéresser pour s'installer. « J'ai visité des communes, rencontré des élus etc ». Il choisit finalement une commune. Mais en 2018, la mauvaise nouvelle tombe : « La zone que j'avais choisie a disparu de la nouvelle carte des CESP ». Le jeune diplômé est d'autant plus en colère qu'il affirme avoir découvert le nouveau découpage des zones « dans la presse » et ne pas avoir été contacté directement par l'ARS. Heureusement, le Dr F. n'avait pas encore investi dans les murs d'un cabinet. « Cela aurait pu être encore plus catastrophique », déplore-t-il.
Refus de dérogation
Désabusé, il se remet en quête d'un territoire où il ferait bon s'installer. C'était sans compter sur une deuxième déconvenue. « J'avais prévu de passer ma thèse au mois de mars. Or l'ARS m'a informé que j'avais jusqu'en décembre de l'année précédente pour la passer, sinon mon CESP n'était plus valable. Pour trois mois, mon projet tombait à l'eau. L'ARS n'a rien voulu savoir », raconte le généraliste. Ce dernier dénonce « la politique du chiffre » de l'ARS ainsi que son manque d'accompagnement. « Je les ai rencontrés une fois puis plus rien », se rappelle-t-il.
Aujourd'hui, le Dr F. préfère donc rembourser les sommes touchées, plus les pénalités, soit environ 80 000 euros et s'installer où il veut. Pour rappel, s'il souhaite rompre son CESP, l'étudiant doit rembourser les sommes nettes (1 200 euros brut par mois) plus une pénalité de 200 euros par mois écoulé (pour une somme minimale de 2 000 euros soit 10 mois de pénalité). Le Dr F. assure ne pas être le seul à vouloir rembourser son CESP. Aujourd'hui, il est encore remplaçant et ses déboires avec l'ARS l'ont plutôt refroidi. Le jeune généraliste songe même à s'installer… en secteur 3.
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