Cinq jours après la publication d’une tribune au vitriol signée par une centaine de médecins et scientifiques – dont Agnès Buzyn – mettant directement en cause un jugement ordinal ayant sanctionné le Dr Damien Barraud, l’Ordre national des médecins (Cnom) tient à « remettre les faits à leur place » au sujet de la justice disciplinaire et du harcèlement des médecins.
Retour en arrière. Emmené par des professeurs et médecins de premier plan, ce collectif avait déploré la semaine dernière dans les colonnes du Point la décision de l’Ordre du Grand Est de condamner le Dr Damien Barraud à trois mois d’interdiction d’exercer dont un mois ferme. Prolixe sur les réseaux sociaux, le réanimateur de l’hôpital Metz-Thionville était accusé d’avoir tenu des propos injurieux et diffamatoires à l’endroit d’un membre d’une association antivax, cofondée par la psychiatre et ancienne députée Martine Wonner ainsi que par des personnalités pro-Raoult. La polémique a enflé principalement en raison de la décision de l’Ordre départemental de Moselle de s’associer à la plainte déposée par des membres de l’association en question.
Par voie de presse, l’Ordre national s’est positionné ce lundi 28 juillet en essayant d’expliquer sa position souvent incomprise par la profession elle-même. « Il est essentiel de clarifier le rôle et les responsabilités de chacun, pour éviter les amalgames et rétablir une compréhension apaisée du fonctionnement de nos institutions », avance le Cnom désormais présidé par le Pr Stéphane Oustric.
Premièrement, explique l’institution ordinale, les décisions disciplinaires « ne sont pas prises par l’Ordre lui-même, mais par des juridictions administratives indépendantes, présidées par des magistrats professionnels nommés soit par le tribunal administratif soit par le Conseil d'État, dans le cadre de procédures contradictoires », indique le Cnom. « L’Ordre n’a ni pouvoir de décision, ni influence sur le sens des jugements rendus », ajoute-t-il.
Un devoir de modération
Si l’Ordre national dit « comprendre (…) la souffrance et l’épuisement » que vivent certains médecins face la violence des réseaux sociaux et à la montée des discours complotistes, « la colère ne justifie pas les outrances », recadre-t-il. Et d’expliciter, droit dans ses bottes : « Les médecins sont tenus, même dans l’espace numérique, à un devoir de modération, de respect des personnes, et au respect des règles déontologiques. Se faire justice soi-même, par des propos injurieux ou diffamatoires, expose à des conséquences disciplinaires. C’est ainsi que le conseil départemental de Moselle s’est associé à une plainte. »
Faut-il y voir une forme de mea culpa ? L’Ordre souligne toutefois que, dorénavant, il « sera intransigeant(e) envers toute organisation ou individu menant des campagnes de harcèlement contre des médecins, notamment par l’instrumentalisation de procédures disciplinaires, juridiques ou via les réseaux sociaux ». Ces attaques portant atteinte à la dignité de la profession feront l’objet de « poursuites judiciaires systématiques », insiste l’Ordre, qui rappelle au passage son dispositif d’entraide, de soutien psychologique et juridique aux confrères. Une manière de répondre aux signataires de la tribune qui reprochaient justement à l’Ordre mosellan de s’être fait manipuler par des membres d’une association faisant peu de cas de la vérité scientifique.
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