Pour Marisol Touraine, ces élections législatives étaient un peu un quitte ou double. Sa défaite en Indre-et-Loire ce dimanche 18 juin (43,78%) sonne comme une remise en cause pour celle qui fût cinq ans l'indéboulonnable ministre de la Santé de François Hollande.
Au premier tour, elle était pourtant arrivée en tête avec 28,5 % des voix et une assez large avance sur sa concurrente la centriste Sophie Auconie (20 %). Le ballottage paraissait d’autant plus favorable que le total des candidats de gauche éliminés représentait 27,6 % contre à peine 24 % à droite. Sur le papier, il n’y avait donc pas photo.
Cette campagne aura sans doute été la plus difficile qu'ait menée pour Marisol Touraine dans une circonscription dans laquelle elle était implantée depuis longtemps, puisqu’elle l’avait prise à la droite en 1997. Question de positionnement surtout. À la vérité, cette fidèle de François Hollande n'avait semblé se retrouver fin 2016, ni dans la tournure très à gauche de la primaire du PS, ni dans le recentrage opéré par Emmanuel Macron.
D’où peut-être ses hésitations de ces derniers mois : fin 2016, elle sollicite et bien sûr obtient l’investiture de son parti sur cette 3e circonscription. Mais, passée la présidentielle, elle tente de se rapprocher du nouveau pouvoir en se revendiquant de la nouvelle majorité. Sommée de choisir, elle attendra que soit passée la date butoir de dépôt des candidatures pour ôter toute référence au PS sur ses affiches… Colère des socialistes locaux… et incompréhension des macronistes d’Indre-et-Loire. Au final, l’ex-ministre se retrouvait dans la position paradoxale de quelqu’un d’investi par son parti, mais qui tente de le faire oublier, tout en bénéficiant de facto de l'absence de concurrents macronistes sur sa circonscription... Un privilège qui n'a été accordé qu'à quelques personnalités.
Lors d’un débat organisé jeudi par La Nouvelle République, elle se définissait toutefois ainsi face à sa concurrente UDI : « Je suis une femme de gauche, socialiste, réformiste et je souhaite une forte majorité pour soutenir le président de la République. » Las. Ces dernières semaines furent quand même difficiles à assumer face à une adversaire qui avait obtenu le soutien d’une petite partie du comité local d’En Marche…
Le revers de Marisol Touraine est d'autant plus difficile pour elle, que sa réélection aurait pu lui ouvrir de nouvelles perspectives. Car l'ex-ministre de la Santé était citée parmi les pressenties pour le perchoir de l'hémicycle… Elle se consolera en se disant que, parmi les acteurs de la politique de santé de ces dernières années, la purge est importante. Après l'élimination au premier tour de la pharmacienne Catherine Lemorton, et du cardiologue Gérard Bapt, à gauche, le second tour a acté la défaite de Christian Paul. Mais, à droite, la réélection sur le fil (50,1%) du cardiologue Jean-Pierre Door (LR), député de Montargis depuis 2002 et figure de l'opposition à la loi Touraine. Au coude à coude avec la candidate LREM arrivée en tête du premier tour, il a finalement gardé son siège dimanche soir... avec huit voix d'écart !
Ce second tour permet en revanche au Dr Olivier Véran de revenir aux avant-postes. Ce rapporteur de la loi Touraine avait dû s'éclipser en cours de mandat pour laisser la place de député à l'ex-ministre Genevière Fiorasso dont il était suppléant. Il revient à l'Assemblée par la grande porte. La large élection (65,36%) du neurologue dans l'Isère n'est d'ailleurs pas une surprise. Ce porte-parole santé d'Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle était arrivé nettement en avance (47,2 %) devant son concurrent LR au premier tour. On pense bien sûr à lui pour prendre la tête de la Commission des Affaires Sociales.
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