Pour le gouvernement, c'est une occasion à ne pas manquer pour renouer avec les professionnels de santé. Voulue par Manuel Valls et organisé jeudi prochain à Paris dans les locaux du Conseil Economique et Social et Environnemental (CESE), la Grande Conférence de santé devraient en effet rassembler tout ce qui compte parmi les acteurs de santé, à l'exception des syndicats de médecins libéraux qui feront leur propositions de leur côté le même jour. Dans l'entretien qu'il a accordé la semaine dernière au Généraliste, le Premier ministre a donné à l'événement un périmêtre très large. On y parlera formation, mais aussi carrières avec présentation des orientations proposées par le Comité de pilotage le matin et surement des annonces de la part de Manuel Valls sur le coup de 17h30.
À quatre jours de l’ouverture de la Grande conférence de santé, un petit détour du côté du site internet dédié à l’événement s’impose. Car si les syndicats des médecins boycottent le rendez-vous proposé par Manuel Valls, ce n’est pas le cas de toutes les organisations concernées par le sujet. De la Haute autorité de santé (HAS) à la Fédération nationale des centres de santé en passant par des syndicats de pharmaciens, ce sont près de 80 contributions qui ont été versées au débat. Du côté de la médecine, on note notamment les propositions faites par le Syndicat national des enseignants de médecine générale (SNEMG), du Collège national des généralistes enseignants (CNGE), de la Conférence des doyens des facultés de médecine (CDFM), des internes de l’Isnar-IMG ou encore des jeunes généralistes installés et remplaçants de Reagjir. Quant à l’Ordre des médecins, son Livre blanc pour l’avenir de la santé, destiné à être présenté jeudi, est disponible sur son site.
Formation initiale et continue, pratiques des métiers et compétences, parcours professionnels : ces trois thématiques constituent la base des réflexions faites dans la perspective de la Grande conférence.
Vers un numerus clausus et des ECN régionalisés?
En matière de formation initiale, le numerus clausus fait l’objet de nombreuses remarques. Si la Conférence des présidents d’Université (CPU) considère qu’ « une limitation de l’accès aux professions médicales et pharmaceutiques doit être maintenue », elle ajoute que celle-ci « doit être définie à l’échelle régionale en tenant compte des besoins de santé et des capacités de formation à l’université ». Un point de vue que partage la Conférence des doyens de faculté de médecine (CDFM) pour qui il faut également « adapter le contenu pédagogique et l’organisation universitaire de la Première Année Commune aux Etudes de Santé (PACES) pour lui donner sa pleine vocation de base ». Il s’agit, en ce sens, de former « aussi bien les étudiants qui seront reçus dans une des filières qu’elle ouvre, que ceux qui devront se ré-orienter dans des cursus généraux », précise la CDFM. Ces propositions rejoignent d’ailleurs celles formulées par l’Ordre au titre de sa « 3e grande priorité : ouvrir et professionnaliser la formation des médecins ».
Au-delà du numerus clausus, c’est également « l’examen classant pour accéder au 3e cycle des études médicales (qui) doit être régionalisé », avance la CPU. Une idée sur laquelle s’est également prononcée la CDFM qui plaide non seulement « pour une régionalisation de tout ou partie des ECN » dont le programme serait défini nationalement mais aussi « pour l’instauration d’une note éliminatoire ». Là encore, l’Ordre a formulé des propositions similaires dans son Livre blanc.
Un internat de médecine générale en 3 ans confirmé
Si le consensus semble être de mise s’agissant des deux premiers cycles de formation, c’est moins le cas lorsqu’il s’agit du 3ème cycle. Et plus particulièrement de la durée de celui-ci, les internes de l’Isnar-IMG plaidant pour un internat en 3 ans quand le CNGE et le SNEMG appelent de leurs vœux la mise en place d’une 4e année. Reste que la question devrait être rapidement évacuée lors de la Grande conférence. En effet, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Thierry Mandon, a annoncé, vendredi dernier lors du Congrès de l’Isnar-IMG, que « la maquette de formation, d’une durée de 3 ans (…) délivrera un Diplôme d’Etudes Spécialisées ». Il a ajouté que la « formation d’interne comprendra des stages en ambulatoires d’une durée d’au moins un an ». Au-delà de ces divergences sur la durée de l’internat, la CNGE, le SNEMG et l’Insar-IMG s’accordent sur la nécessité de développer la filière universitaire de médecine générale. Et d’inciter les professionnels à s’investir dans la maîtrise de stage, une fonction qui gagnerait, selon ces contributeurs, à être valorisée.
La recertification à l'ordre du jour
Côté formation continue, les contributions sont tout aussi prolixes. L’Ordre a, pour sa part, appelé à la mise en place d’un processus de recertification qu’il piloterait. Un sujet qu’aborde la CPU, considérant que « l’Université doit être un opérateur central de la formation tout au long de la vie des professionnels de santé ». Dans le même sens, la CDFM considère qu’ « en partenariat avec le Conseil national de l’Ordre et les associations professionnelles, les UFR de médecine doivent être au cœur du dispositif ». Le CNGE met pour sa part l’accent sur la nécessité d’ « organiser une formation continue ciblée, financée et indépendante ». Quant à la HAS, elle évoque elle aussi la recertification dans un souci de qualité et de sécurité des soins.
Loin d'être le premier exercice du genre, cette Grande conférence de santé devrait toutefois être le lieu d'annonce de réformes à court terme. Et vraisemblablement en matière de formation, Manuel Valls ayant affirmé, dans nos colonnes, que "les futurs médecins seront au coeur des sujets qui y seront abordés". Le Premier ministre n'en oublie pas pour autant les professionnels actuellement en exercice. "Nous voulons leur donner les moyen d'exercer, tout en leur donnant envie de faire vivre le nouveau système de santé, plus ambulatoire, plus tourné vers le patient", ajoute-il.
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