LE QUOTIDIEN : Pourquoi voulez-vous faire intervenir une brigade médicale cubaine dans les Alpes du sud ? La situation est-elle devenue ingérable ?
Jean-François Pellarrey : Nous avions créé le premier collectif Santé Haute Provence il y a un an et demi. Puis nous avons élargi son périmètre afin de rassembler tous les acteurs de notre département sur les problématiques d’accès à la santé et aux soins publics hospitaliers.
Au regard de la situation locale très dégradée, nous avons rédigé début février un courrier à tous nos adhérents pour les inviter à prendre en considération la proposition de… la République de Cuba. Depuis des années, il faut savoir que Cuba met à disposition des pays en voie de développement des “brigades de médecins” moyennant financement pour compléter des organisations sanitaires défaillantes. Pourquoi pas chez nous ?
Cette initiative de Cuba a pris une dimension importante lors du Covid. La France avait même signé avec Cuba un accord bipartite pour faire intervenir leurs praticiens dans nos territoires d’Outre mer. L’Italie a eu aussi recours à ces médecins. À l’échelle nationale, l’objectif est de remédier temporairement au manque de 30 000 praticiens sur notre territoire… Ici aussi, nous formulons le vœu d’avoir recours de manière transitoire à l’aide internationale de Cuba pour améliorer le service de santé publique sur les territoires.
De combien de médecins cubains avez-vous besoin dans les Alpes ?
Si Cuba forme des urgentistes, il nous en faudrait déjà une quinzaine. Sur notre territoire des Alpes du sud qui compte 20 000 habitants, une vingtaine de généralistes seraient aussi les bienvenus.
Êtes-vous déjà entrés en contact avec l’ambassadeur de Cuba ?
Oui. Nous voulons maintenant organiser une rencontre avec l’ambassadeur de Cuba, qui est d’accord pour nous fournir une aide médicale, et le député communiste André Chassaigne. Ce dernier avait déposé en mars 2024 une question écrite à l’Assemblée appelant au recours à des médecins cubains pour renforcer l’offre de soins. Nous allons aussi demander à d’autres parlementaires de nous soutenir sur le 04 ainsi qu’aux acteurs des Côtes-d’Armor, où une démarche similaire d’appel aux médecins cubains avait été entreprise. L’objectif est de reprendre la même procédure que pendant le Covid.
Il y a urgence. Nos établissements de Manosque, Digne et Sisteron sont en déshérence complète ! Aujourd’hui, plus de 12 000 Bas-Alpins n’ont plus de médecin traitant. Il faut mettre un terme à la mise en danger de nos habitants. Nous exigeons que des mesures urgentes transitoires soient prises. Quand nous aurons réussi à implanter un nombre satisfaisant de médecins sur nos territoires et dans nos hôpitaux, nous retrouverons notre autonomie médicale.
La demande de recours aux médecins cubains du collectif des Côtes-d’Armor n’avait pas obtenu de réponse de l’État français. Pourquoi à votre avis ?
Il existe peut-être des blocages entre les deux pays dus au blocus imposé depuis des années par les États-Unis. De toute façon, si ça se concrétise, la France paiera à Cuba cette future aide médicale internationale, car nous ne voulons pas déshabiller ce pays dont nous connaissons les difficultés.
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