Après avoir longtemps tergiversé, le gouvernement a publié ce samedi 8 mai, au Journal officiel, le décret entérinant la suppression du certificat d'absence de contre-indication à la pratique d'un sport (hors discipline à contrainte particulière), pour les enfants.
Inscrit dans le projet de loi « d'accélération et de simplification publique » du 7 décembre 2020, ce texte a pour objectif de libérer du temps médical aux médecins généralistes mais aussi de simplifier la pratique du sport chez les plus jeunes. À chaque rentrée scolaire, les cabinets des généralistes se retrouvent embouteillés par les multiples demandes de certificats.
« Cette mesure va simplifier la vie des familles. Elle simplifiera également la gestion administrative des clubs sportifs souvent assurée par des bénévoles tout en libérant du temps médical », souligne le ministère des sports dans un communiqué.
Le certificat médical remplacé par un questionnaire de santé
Concrètement, le précieux sésame qui conditionnait l'inscription d'un enfant à une discipline sportive sera désormais remplacé par un questionnaire de santé à remplir par les parents pour évaluer la santé de l'enfant. Un examen médical sera préconisé seulement si une des réponses du formulaire s'avère positive.
« Les personnes exerçant l’autorité parentale sur le sportif mineur attestent auprès de la fédération que chacune des rubriques du questionnaire donne lieu à une réponse négative. À défaut, elles sont tenues de produire un certificat médical attestant de l’absence de contre-indication à la pratique du sport ou de la discipline concernée datant de moins de six mois », précise le décret.
Inclure un examen renforcé pour la pratique sportive lors de consultations obligatoires
Contacté par le Généraliste, le Dr Marc Rozenblat, médecin généraliste et président du syndicat national des médecins du sport (SNMS-Santé), historiquement opposé à cette évolution se dit « offusqué » par cette décision.
Toutefois préparé à cette issue inéluctable, le spécialiste de la médecine du sport plaide aujourd'hui pour que soit inclus un examen spécifique lié à l'activité sportive lors des consultations obligatoires prévues à l'âge de 9 ans, 12 ans et 15 ans. Il explique :
« Entre 9 et 15 ans c'est la période délicate de la croissance. Les enfants se transforment en jeunes adultes et c'est à ce moment que l'on peut détecter les pathologies bénignes qui sont en rapport parfois avec des technopathies liées au sport mais aussi des pathologies plus graves ».
Le Dr Marc Rozenblat préconise que ces examens soient scrupuleusement réalisés par le médecin traitant et « inscrits dans le carnet de santé de l'enfant ».
Le ministère des sports met d'ailleurs en avant ces nouvelles consultations pour détourner les critiques sur cette mesure. « Sans négliger le suivi médical nécessaire des mineurs, l’Assurance maladie ayant renforcé le nombre de consultations prises en charge jusqu’à 18 ans, cette mesure doit permettre d’encourager une reprise massive du sport pour tous les Français et tout particulièrement les jeunes, révélée indispensable par la crise sanitaire », estime le ministère.
Un électrocardiogramme pour éviter les morts subites
Le Dr Marc Rozenblat milite par ailleurs pour réaliser un électrocardiogramme au moins une fois lors des consultations obligatoires pour tous les enfants âgés de 9 à 15 ans. « Des milliers d'enfants et d'adolescents (voire plus) meurent chaque année en France subitement en faisant une activité physique et sportive (scolaire ou en club) parce qu'une anomalie cardiaque n'a pas été détectée au préalable. »
Selon lui, ces décès pourraient être facilement évités : « Lors d'un examen clinique, à peine 10 à 15 % des pathologies cardiaques sont détectées. Avec un électrocardiogramme, c'est 80 %. » Il ajoute qu'il existe désormais des « techniques de télémédecine qui permettent de faire des enregistrements électrocardiographiques » analysés sur-le-champ par « un confrère cardiologue » afin d'évaluer les risques d'anomalie cardiaque chez l'enfant.
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