Mieux orienter les consommateurs vers les produits plus équilibrés sans « pénaliser » pour autant les « produits du terroir » : le nouveau Nutri-Score a été validé ce 14 mars au matin en dépit de dissensions gouvernementales, au nom de la lutte contre le surpoids et l'obésité.
« Compte tenu des enjeux impératifs de santé publique, les ministres ont décidé de signer l'arrêté modifiant les règles de calcul du Nutri-Score » ont annoncé dans un communiqué commun les ministres en charge de l'Économie, de la Santé, de l'Agriculture et du Commerce.
Il s'agit avant tout de « lutter contre le surpoids, l'obésité » avec derrière « des sujets aussi lourds que les maladies cardiovasculaires, le diabète et certains cancers », a précisé la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, sur TF1.
Gage toutefois donné au secteur agro-alimentaire : les ministres assurent qu'ils seront « attentifs à ce que ce système (...) ne nuise pas aux produits issus de la richesse de nos terroirs et symboles de notre patrimoine culinaire ». Ils entendent rester « vigilants aux effets de bord » que la nouvelle méthode de calcul du Nutri-Score « engendre pour les produits issus du savoir-faire français ».
Les entreprises et marques engagées dans cette démarche volontaire ont, par ailleurs, « deux ans pour mettre à jour leurs emballages et apposer le nouveau Nutri-Score », selon leur communiqué.
Dans le détail, les ministres Catherine Vautrin (Travail, Santé, Solidarités), Yannick Neuder (Santé, Accès aux soins), Éric Lombard (Économie), Véronique Louwagie (Commerce) et Annie Genevard (Agriculture) ont tous apposé leur signature.
Critiques vivaces
Ce feu vert gouvernemental semblait encore loin d'être garanti la semaine dernière. De précédentes équipes gouvernementales avaient validé cette nouvelle mouture, plus sévère à l'égard de certains produits alimentaires transformés. Mais l'actuelle ministre de l'Agriculture Annie Genevard avait assumé publiquement bloquer la publication de l'arrêté qui devait permettre l'entrée en vigueur du nouveau Nutri-Score, lui reprochant de donner une mauvaise note aux produits « remarquables » du terroir, fromages et charcuterie notamment.
« Nutri-Score, oui mais… », a-t-elle encore insisté ce 14 mars dans un message publié sur X, évoquant une nouvelle fois sur les « limites » du dispositif « qu'il est crucial de corriger » pour ne pas « injustement pénaliser » les « produits du terroir ».
Conçu par des spécialistes de la nutrition, le Nutri-Score a été mis en place en 2017 en France, sur la base du volontariat, et dans six autres pays européens. Cet étiquetage classe les produits alimentaires de A à E en fonction de leur composition et de leurs apports nutritionnels.
Le nouveau mode de calcul permet notamment « d'améliorer la différenciation entre les aliments selon leur teneur en sel et sucres », ainsi que la classification des poissons gras, des huiles moins riches en acides gras saturés et des boissons, rappelle le communiqué du gouvernement.
« Il sera demandé aux ministères concernés d'étudier » les « effets de bord » potentiels et « d'initier au niveau européen des échanges pour voir comment mieux les prendre en compte ».
Reformuler les recettes
Face aux critiques de la ministre de l'Agriculture, des voix se sont élevées ces derniers jours pour défendre l'intérêt de ce nouvel étiquetage pour les consommateurs.
Il s'agit d'un « vrai outil de santé publique, plébiscité par les Français et influençant les choix d'achats et on ne peut pas faire comme si le surpoids et l'obésité n'étaient pas un problème de santé publique », a notamment souligné le directeur général de la Santé, le Dr Grégory Emery.
Plusieurs acteurs économiques de la grande distribution et de la transformation agro-alimentaire se sont aussi positionnés en faveur du nouveau système. « Je pense que c'est une bonne chose », a déclaré le patron des Mousquetaires/Intermarché Thierry Cotillard sur son compte LinkedIn. Une moins bonne notation encouragera son entreprise à « reformuler » ses « recettes ».
L'étiquetage nutritionnel, l'interdiction des publicités pour des produits gras sucrés salés et la taxation des boissons sucrées sont « les politiques publiques les plus efficaces contre le surpoids et l'obésité », selon une étude du service statistique des ministères sociaux de juillet 2024.
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