Exercice mixte, retraités actifs, stages en ville...

Le plan tous azimuts du gouvernement contre les déserts médicaux

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Publié le 13/10/2017
Plan déserts médicaux

Plan déserts médicaux
Crédit photo : GARO/PHANIE

Après l'annonce de la Stratégie nationale de santé, le Plan pour l'égal accès aux soins dans tous les territoires devait montrer un signal fort aux professionnels de santé. Avec des investissements conséquents pour l'installation des jeunes médecins, le développement de la télémédecine ou l'encouragement du travail en équipe dans les MSP, le premier ministre Édouard Philippe a annoncé des mesures fortes ce matin à Châlus (87), où il inaugurait par ailleurs une maison de santé pluriprofessionnelle auprès d'Agnès Buzyn

Le premier axe de ce plan quinquennal s'oriente vers l'encouragement de la coopération entre les professionnels de santé. Le gouvernement a en effet prévu de booster les Nouveaux modes de rémunération (NMR) prévus dans le cadre de l'Accord conventionnel interprofessionnel (ACI) signé en avril dernier, afin de récompenser le travail en équipe au sein des structures. L'enveloppe consacrée par l'Assurance maladie aux NMR, qui devrait atteindre environ 30 millions d'euros en 2017 devrait ainsi tripler d'ici la fin du quinquennat pour atteindre 90 millions d'euros. "Nous souhaitons augmenter le nombre de MSP qui bénéficient de ces rémunérations afin qu'elles atteignent en moyenne 60 000 euros par an et par structures. L'objectif est qu'à terme, la totalité des maisons en bénéficient", précise le premier ministre. Il a également rappelé l'investissement de 400 millions d'euros prévu dans le Plan d'investissement du gouvernement pour la santé pour doubler le nombre de MSP d'ici la fin du quinquennat.

Doublement des fonds pour la télémédecine

Dans ces nouvelles structures, mais aussi dans les cabinets et les Ehpad, le développement de la télémédecine sera la deuxième priorité du Plan déserts. Une ambition qui s'accompagnera parallèlement par le développement du Haut débit sur tout le territoire à l'horizon 2018. Cela avait déjà été annoncé, des négociations conventionnelles auront lieu dès 2018 afin de faire rentrer des tarifs de téléconsultation dans le droit commun. Par ailleurs, les Fonds d'investissement régionaux (FIR) dédiés à la télémédecine seront doublés dès 2018 pour atteindre les 18 millions d'euros. "D'ici 2020, tous les Ehpad seront équipés d'un matériel de téléconsultation", promet Édouard Philippe. 

Face aux évolutions de l'exercice de la médecine, le gouvernement prévoit également plusieurs mesures d'encouragement des jeunes médecins à l'installation, à la fois grâce à une diversification des pratiques, des aides à l'installation plus nombreuses et des allégements administratifs. 200 millions d'euros sur 5 ans seront investis en plus pour les aides à l'installation des médecins dans les zones sous-denses. Ainsi, les zones considérées comme des territoires sous-dotés passeront d'une couverture de 7 % du territoire à 18 %. Un guichet unique d'information en ligne et par téléphone sera par ailleurs créé pour tous les professionnels de santé souhaitant s'installer.

Les médecins retraités seront aussi encouragés à poursuivre une activité partielle. Cette initiative devrait être facilitée grâce à un allégement administratif et fiscal. "Le plafond de revenu annuel en deçà duquel les médecins peuvent demander à être dispensés de cotiser au régime Prestation Complémentaire Vieillesse (PCV) des cotisations sera relevé de 11 500 euros à 40 000 euros dans les zones en tension", précise Matignon.

10 millions de plus pour les ARS

Enfin, le mode d'exercice mixte, plébiscité par les jeunes médecins, sera développé dans le but de "sortir du décloisonnement étanche entre la ville et l'hôpital". 300 postes d' "assistants partagés" entre un exercice libéral de ville et une activité à l'hôpital seront ainsi créés dès 2018 et proposés par les ARS aux jeunes diplômés. Le gouvernement souhaite aussi généraliser les statuts de "médecins adjoints" afin que des praticiens puissent exercer en complément de l'activité d'un autre médecin, dans les zones à forte variation saisonnière ou dans les zones déficitaires. Sur la formation, "500 nouveaux lieux de stages en dehors de l'hôpital (dont 350 pour les généralistes NDLR) seront créés et des incitations sont prévues pour les formateurs et les étudiants", affirme le premier ministre. Le plan prévoit la revalorisation financière de l’indemnité des maîtres de stage en zone sous-dense de 50 % (soit 300 euros), par le biais de conventions médicales ainsi que la simplification des démarches pour devenir maître de stage.

Afin de mettre en œuvre ce plan et soutenir les initiatives émanant des territoires, des moyens supplémentaires seront accordés aux ARS. Elles bénéficieront de 10 millions d'euros supplémentaires dès 2018 pour avancer sur la désertification médicale. Élisabeth Doineau, sénatrice de la Mayenne, Thomas Mesnier, député de la Charente et le Dr Sophie Augros, présidente du syndicat Reagjir ont été missionnés par le gouvernement pour assurer le suivi et la mise en œuvre du Plan pour l'égal accès aux soins dans les territoires. La généraliste se met d'ailleurs en réserve de la présidence du syndicat jusqu'au prochain conseil d'administration qui aura lieu lors des Rencontres nationales de Reagjir les 7 et 8 décembre prochains et laisse pour l'instant sa place au vice-président Yannick Schmitt.


Source : lequotidiendumedecin.fr