Retiré de la vie politique – pour le moment – le neurologue isérois de formation Olivier Véran réapparaît dans l’espace publique, à la faveur d’une décoration. L’ancien ministre de la Santé, en poste à Ségur au plus fort de la pandémie de Covid-19, a été nommé chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur, par proposition du ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des familles, par un décret publié au Journal officiel le 11 juillet 2025.
Présenté comme « ancien ministre, fondateur d’une entreprise de conseil dans le secteur de la santé et des technologies » (Innov), il est remercié, en même temps qu’une dizaine d’anciens ministres, pour ses « 21 ans de services » pour l’intérêt général, comme l’avait imaginé Napoléon Bonaparte à la création de la plus haute décoration honorifique française, récompensant militaires comme civils, en 1802.
Du Covid-19 au lobbying
Depuis son départ du porte-parolat du gouvernement, en janvier 2024, l’ancien ministre de la Santé a multiplié les tentatives de reconversion. D’abord tenté par l’idée de repasser la blouse blanche de neurologue hospitalier, il avait finalement jeté son dévolu sur la médecine esthétique, à la surprise générale, provoquant des réactions épidermiques chez ses confrères et collègues élus, avant de changer de cap.
Pris dans une complexe triangulaire dans sa première circonscription de l’Isère, Olivier Véran avait perdu de peu l’an passé les élections législatives, face à un candidat de l’union de la gauche, Hugo Prevost. Il avait ensuite annoncé son retrait de la vie politique et entamé une activité de conseil et de lobbying en santé en créant la société Innov, qui propose une large gamme de services, allant de la stratégie à l’innovation, en passant par la communication, la mise en relation ou la publicité.
Un bilan en santé
En septembre 2024, Olivier Véran a également rejoint le conseil d'administration de l’enseigne Lunettes Pour Tous. Il ne s’est pas porté candidat à la législative partielle après la démission de Hugo Prevost, soupçonné de violences sexuelles et sexistes, affirmant qu’il ne considère pas « la politique comme une carrière ». L’occasion pour lui de faire son propre bilan : « Nutris-Sore, l’usage médical du cannabis, la contraception gratuite, le don de sang accessible sans discrimination, la prise en charge de l’autonomie par la Sécurité sociale, l’interdiction des mannequins trop maigres, la taxe soda, le Ségur de la santé ».
Plus récemment, à l’instar d’Édouard Philippe et Agnès Buzyn, il avait obtenu un non-lieu dans l’information judiciaire relative au traitement de la pandémie de Covid-19 par la Cour de justice de la République (CJR). « Un non-lieu sans joie ni soulagement » qui « n'effacera ni les menaces de mort, ni les insultes », avait-il réagi début juillet.
À l’honneur, les médecins sont Légion
D’autres médecins ont été décorés par la même occasion. C’est le cas du Dr Jean-Pierre Door, cardiologue (LR), ancien député du Loiret, conseiller régional et maire de Montargis promu au rang d’officier de la Légion d’honneur. Le Pr Jean-François Mattéi, ancien ministre de la Santé de Jacques Chirac, est lui aussi récompensé, de même que le Pr Jean-Yves Blay, président d’Unicancer. L’ancien médecin généraliste de l’île de Sein (Finistère), le Dr Ambroise Menou, est épinglé pour ses 44 ans de services, ainsi que le Dr Guy Lessieux, généraliste ayant créé la première maraude médicale de France, pour ses 58 ans de services ou encore le Dr Guy Paris, généraliste et maire de Thiberville (Eure) pour ses 48 ans de services. La liste complète, avec plusieurs dizaines de personnes issues du secteur de la santé, est accessible en ligne.
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