Décidément, les maisons de santé ont le vent en poupe. Le gouvernement peut s’enorgueillir d’un boom sans précédent de ces structures pluridisciplinaires depuis le début du quinquennat. On en recensait à peine 250 en 2012, il y en a presque 800 aujourd’hui, elles seront 1 000 à la fin de l’année… Et ce n’est pas fini. Depuis Privas où il présidait le 3e Comité interministériel à la ruralité la semaine dernière, Manuel Valls s’est voulu audacieux, amorçant un nouveau coup d’accélérateur avec un objectif de 1 400 MSP en 2018 ! Et, comme pour donner le « la », il a profité de son déplacement pour inaugurer l’une d’elles en Ardèche.
Le Premier ministre a tout lieu d’être satisfait du développement des MSP, placées au cœur du « Pacte territoire santé » de Marisol Touraine. Souvent créées en zones déficitaires, ces nouvelles entités participent au remembrement médical réclamé par la population ; et leur multiplication donne l’impression que le gouvernement se bouge pour faire reculer les déserts médicaux. La réalité est sans doute plus nuancée. Car si l’État accompagne le mouvement via des dotations régionales, il n’est pas le seul à la manœuvre, régions et communes mettant aussi la main au portefeuille. Et quant aux nouveaux modes de rémunération collectifs obtenus de haute lutte l’an passé, ils se traduiraient parfois sur le terrain par une baisse des enveloppes précédemment accordées… Enfin, il faut garder à l’esprit que, si la mayonnaise prend, c’est d’abord parce que, sur place, les professionnels s’investissent : les jeunes parce qu’ils ne souhaitent pas exercer seuls et leurs aînés pour trouver associés ou successeurs.
Dans ce contexte, les pouvoirs publics semblent donc finalement plus opportunistes que proactifs, surfant sur la vague montante, mais sans se mouiller plus que ça : comme si l’on devait craindre qu’elle se transforme en tsunami, emportant la médecine libérale traditionnelle sur son passage… Ce volontarisme bon teint cache mal une doctrine qui se cherche, tant sur la place que doivent prendre les MSP dans le « virage ambulatoire » que sur les implantations à privilégier. Défaut de vision politique, qui vaut pour les centres de santé salariés, eux aussi en plein essor. Reste pourtant une question essentielle : ces nouveaux modes d’exercice sont-ils une solution à réserver aux « zones blanches » ou préfigurent-ils l’avenir avec un grand « A » pour les soins primaires ? Les autorités sanitaires ne semblent toujours pas avoir la réponse.
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