Une fermeture symboliquement forte. Alors que près de 80 services d'urgences sont fermés partiellement ou complètement selon le Collectif Inter-Hôpitaux, l'hôpital Pellegrin de Bordeaux, l'un des plus grands centres hospitaliers de la région, a dû fermer le sien la nuit en raison d'un manque de personnel. Cette nouvelle a été annoncée par la direction de l'établissement lors d'un CHSCT qui a parlé de « filtrage » et non pas de « fermeture », selon nos confrères de Libération. Concrètement, à partir du 18 mai, de 20 heures à 8 heures, le service n’admettra plus que les patients ayant au préalable été orientés par le 15, ou présentant des signes de détresse vitale. Un seul urgentiste serait présent la nuit contre 3 ou 4 en temps normal. La fréquentation a augmenté de près de 50 % depuis le début de la crise sanitaire, mais de nombreux médecins urgentistes ont quitté leur poste. Le chef des urgences s’est mis en arrêt, son adjoint a suivi. La tension est telle aux urgences du CHU, que les burn-out, les arrêts maladie et les démissions de soignants se sont multipliés. Selon les syndicats, la moitié de l’équipe médicale veut quitter l’hôpital d’ici septembre.
Plusieurs CHU concernés
La situation est identique dans plusieurs autres établissements de grande taille. Au Chu de Limoges fin mars 96 malades brancardisés se trouvaient dans une zone très restreinte pas adaptée, et une bonne partie d'entre eux a dû y passer la nuit, en attendant que les urgentistes leur trouvent une place en hospitalisation. Au Chu Grenoble-Alpes, 100 patients sont souvent présents chaque nuit en même temps, avec des files d'attente en hospitaliers de 30 à 40 patients. Pour cet été, 29 ETP urgentistes sont estimés alors qu'il en faudrait 52. Enfin au Chu de Marseille, selon l'ARS Paca, il manquerait 40 % des effectifs médicaux aux urgences de la Timone tandis que le nombre de passages aux urgences l'été doublera avec l'affluence des touristes en juillet et août. Tout est fait pour renflouer les troupes, aussi bien en faisant appel à des généralistes qu'en demandant à des praticiens hospitaliers de venir aider aux urgences. Même scénario au Chu de Poitiers qui a vu fondre ses effectifs d'un tiers. Cet établissement lance un appel au volontariat. Souvent comme à Grenoble, les PH refusent de collaborer, ne souhaitant pas faire les bouche-trous dans le cadre de cette organisation qui leur semble limite. Au Chu d'Orléans, après qu'une patiente a été retrouvée morte sur un brancard, l'ensemble des infirmières et aides-soignantes des urgences se sont mis en arrêt maladie. Seuls les patients en danger vital et orientés par le 15 ont accès aux soins.
Ecoute de la tutelle ?
Le mal semble endémique. Pire, les professionnels hospitaliers ne se sentent pas compris par leur tutelle. En témoigne le tout dernier passage du ministre Olivier Véran sur BFM indiquant que « la qualité et la sécurité des soins sont au rendez-vous ». Comment le ou la prochain(e) ministre éteindra le feu de la révolte ?
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