Il s’agissait de son grand retour à l’Assemblée nationale. Michel Barnier, chef du gouvernement, a prononcé ce mardi 1er octobre son discours de politique générale devant les députés. Constatant que la santé est « au cœur des préoccupations des Français », Michel Barnier – chahuté par la gauche – a déroulé sa vision, avec deux chantiers principaux : le fonctionnement de l’hôpital public et la lutte contre les déserts médicaux. La pénurie de soignants sera d’ailleurs l’une des priorités du gouvernement.
Un « plan Hippocrate »
Son premier axe concerne les internes. La dynamique de formation va reprendre en 2025, avec 11 000 places prévues, contre 8 500 cette année, a confirmé le Premier ministre, dont le frère est généraliste. Et, nouveauté à noter, Michel Barnier a évoqué un « plan Hippocrate », où les internes Français et étrangers auront « pour une période donnée » la possibilité de « s’engager volontairement » à exercer dans des territoires sous-dotés. Reste à savoir quelle sera l’attractivité du dispositif. Pour l’exécutif, cette annonce est aussi une façon de reprendre la main alors que des élus de tous bords réclament des mesures directives, voire coercitives.
Le Premier ministre, qui se revendique pragmatique, a aussi évoqué sa volonté d’avoir davantage recours à des médecins retraités, avec un cumul emploi retraite plus « favorable ». Est-ce le retour des exonérations de cotisations retraite, mesure qui n’avait été appliquée que pour la seule année 2023 ? A suivre.
Plus classiquement, le chef du gouvernement mise sur le développement des assistants médicaux, les bus médicaux, le regroupement des professionnels de santé, la télémédecine et la télésurveillance, ainsi que le recours à l’intelligence artificielle, « quand elle est utile ».
Enfin, sans doute pour accélérer les délégations, Michel Barnier a déclaré vouloir aller plus loin à travers une « loi infirmiers-infirmières » pour « donner un rôle élargi » ainsi que « plus de compétences » à ces paramédicaux dont il faut reconnaître « l’expertise ». « Dans cette logique », le Premier ministre ne s’interdit pas « d’aller plus loin » aussi dans la reconnaissance du travail des pharmaciens et des kinésithérapeutes.
La santé mentale et la prévention à l’honneur
Sur le volet hôpital, le Premier ministre a été plus bref, évoquant la généralisation du service d’accès aux soins (Sas) « d’ici la fin de l’année » (contre 92 % de départements couverts aujourd’hui) et la « complémentarité des soins de ville et de l’hôpital, ainsi que du public et du privé ».
Michel Barnier a également déploré la « complexité » et la « bureaucratie », rendant « notre système de santé malade », expliquant vouloir recentrer les missions des soignants sur le temps médical et le sens des métiers. Il promet de s’attaquer à cette paperasse qui « mine le moral » des blouses blanches.
Le Savoyard a répété, comme lors de la passation de pouvoir à Matignon avec Gabriel Attal, que la grande cause nationale pour l’année 2025 serait la santé mentale. Les maladies psychiques sont le premier poste de dépenses de l’Assurance-maladie et concernent un Français sur cinq. Il y a « encore tellement à faire », a admis le Premier ministre. L’occasion pour lui de défendre un virage de prévention, la réduction des comportements à risque, l’essor du sport santé et le renforcement des dépistages.
Carte Vitale sécurisée
Michel Barnier a aussi relancé le chantier autour de la carte Vitale, abandonné par l’Assurance-maladie, affirmant vouloir la « sécuriser » pour « éviter le versement d’indus ». Et ce, à quelques semaines de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025, qui devrait être discuté à partir du 28 octobre en séance publique à l’Assemblée.
Sur le plan sociétal, le Premier ministre a informé les députés qu’il souhaitait « reprendre le dialogue » autour du projet de loi sur la fin de vie début 2025 avec les parlementaires, les associations et les soignants, dialogue qui avait été interrompu en raison de la dissolution.Le Premier ministre a rappelé ses lignes rouges, dont certaines concernent la santé : il n’y aura « aucune remise en question » des libertés conquises au fil du temps à l’instar de l’IVG, de la PMA et du mariage pour tous.
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