Quel est l'actionnariat de votre groupe ?
Nous sommes une société multinationale australienne cotée en Bourse aux États-Unis et à Sydney. Notre chiffre d'affaires 2019 est de 2,7 milliards de dollars, nous avons plus de 7 000 salariés et sommes présents dans 140 pays. Notre activité est essentiellement axée sur les troubles respiratoires du sommeil, (apnée du sommeil), BPCO et autres maladies respiratoires chroniques. Nous sommes un des premiers acteurs mondiaux de la ventilation à domicile. Nous avons des sites de production à Lyon, en Australie et à Singapour. Le site de Lyon est dédié à la production d’orthèse d’avancée mandibulaire, dispositif médical intra-oral pour traiter l’apnée du sommeil.
Quelle est votre gamme de respirateurs fournis sur le marché hospitalier ?
Il existe beaucoup de différents types de respirateurs. Ceux que nous fabriquons sont dédiés principalement à une utilisation hors réanimation c’est-à-dire en services de pneumologie, soins intensifs ou soins de suite. Au fur et à mesure des données disponibles, nous nous sommes rendu compte que les pratiques ont évolué vers moins d'intubations et vers plus de prise en charge non invasive et à un recours moins rapide et moins systématique à l’intubation. Nos équipes techniques et cliniques sont en support sur de nombreux sites hospitaliers (Garches, La Pitié, etc.)
Fin mars, en pleine crise, les fabricants de respirateurs n'arrivaient à fournir par rapport à la demande qui est montée en flèche ? Comment vous êtes-vous réorganisés ?
Le premier mois, notre priorité a été de nous dédier entièrement et 7 jours/7 afin de faire face à la crise. Notre objectif a été de livrer nos clients et les services de soins sans interruption. L'enjeu était de répondre à un nombre de commandes sans précédent sur un temps très court. Puis, l'épidémie a frappé toute l'Asie du sud-est, des tensions très fortes ont pesé sur la chaîne d'approvisionnement. Nous avons dû passer d'un transport exclusivement maritime à un fret aérien total. Nous avons réussi à plus que doubler nos livraisons pendant ces 6 dernières semaines.
Avez-vous dû recruter du personnel supplémentaire ?
Une de nos activités principales liées à l'apnée du sommeil a été mise à l'arrêt suite à la pandémie. C'est pourquoi nous avons mobilisé toutes nos ressources dont celle de l'activité du sommeil à l'insuffisance respiratoire. Par exemple, des opérateurs de production qui n'avaient plus d'activité travaillent aujourd'hui dans les services techniques pour accélérer le reconditionnement, les réparations, le flux de tous les retours d'appareils du terrain.
La réglementation dans le cadre de cette pandémie s'est-elle assouplie ?
Nous avons bénéficié de mesures dérogatoires, documentées et validées grâce à l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Dans ce cadre dérogatoire, nous avons été autorisés à remettre en service des ventilateurs d'ancienne génération, très utilisés par la médecine militaire et dans l'hôpital provisoire de Mulhouse.
Comment avez-vous maintenu le lien avec les soignants sur le terrain ?
D’abord par la formation. Tous nos supports de formation ont basculé dans le digital en un temps record. Nous avons multiplié par 15 en un mois le nombre de comptes créés sur notre site de formation en ligne. Notre équipe, en lien direct avec les services hospitaliers a actualisé toutes nos formations au fur et à mesure des recommandations des sociétés savantes, dans le temps mouvant de cette épidémie.
Ensuite, par la télésurveillance médicale à distance. L’utilisation de AirView, notre système de suivi à domicile des patients traités pour leurs apnées du sommeil a été multiplié par cinq sur le dernier mois. En période de confinement, le télémonitoring des données est crucial pour le suivi des patients par les professionnels de santé.
Enfin, certains de nos salariés sont des professionnels de santé de formation qui s'impliquent désormais en temps partiel en tant que support clinique des soignants dans les unités Covid. Par exemple, l'un d'entre eux est en train de monter un service de réhabilitation respiratoire dédié à des patients post-Covid à Saint Étienne à la Clinique mutualiste de Saint-Étienne.
La crise est appelée à durer. Votre cellule de crise va-t-elle tenir sans s'essouffler sur le moyen terme ?
Il faut mettre en place une organisation qui n'est pas basée que sur l'adrénaline, mais plutôt axée sur des process qui seront amenés à durer six mois a minima, au fil des vagues ou non. Ce n'est plus la cellule de crise, mais une gestion à flux tendus sur la chaîne d'approvisionnement. En Europe de l'ouest, on peut s'attendre à une accalmie quand les services seront suffisamment équipés en appareils et les auront mis en place. Concernant les respirateurs supports de vie que nous produisons, ce sont bien ces dispositifs-là qui seront utilisés pour les patients extubés et trachéotomisés après la réanimation. Ainsi, la prise en charge Covid qui va durer plusieurs mois n'est pas axée que sur la réanimation, mais sur le réapprentissage respiratoire et nous devrons être présents pour fournir les produits dédiés.
Quelle initiative avez-vous développée sur votre site de Lyon ?
Un des accessoires nécessaires de nos produits, est le raccord de fuite (cf. photo), jeté après chaque patient, ce qui limite les risques de dispersion du virus et donc de contamination des soignants. Une partie de ces accessoires pour protéger les soignants et les patients est en approvisionnement très tendu.
C'est la raison pour laquelle notre site de production utilisant la technologie d’impression 3D à Lyon s'est mobilisé pour mettre en place un projet d'impression 3D sur ce type de raccord crée pour les « Patients Unique ». Cette nouvelle production a été initiée en collaboration avec notre équipe de R & D à Sydney en un temps record pour élaborer ces produits validés et marqués CE. Début mai, nos équipes livreront dans toute l'Europe. En France, nous avons choisi de faire don à la Fondation du Souffle, de 5 000 de ces raccords.
Pour autant, votre entreprise est dans l'obligation de renouer avec les bénéfices…
Certes, et en tant que cheffe d'entreprise, je n'attends qu'une chose, que l'activité de ce site de production d'orthèses d'avancées mandibulaires reprenne. Le diagnostic de l’apnée du sommeil est quasiment à l'arrêt aussi bien chez les pneumologues libéraux que dans les laboratoires de sommeil. De plus, cette orthèse se pose chez les dentistes qui sont pour la plupart fermés.
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