Depuis la canicule de 2003 et les 15 000 morts qu’elle a provoqués, les autorités de santé sont en alerte dès les premières chaleurs. « L’été est une période délicate, au cœur de notre attention », a reconnu mardi 17 juin au soir Yannick Neuder, ministre de la Santé, lors d’une réunion qui visait à présenter la stratégie de préparation du système de santé pour la période estivale. « 2024 a été le huitième été le plus chaud depuis 1900, 43 départements ont été en vigilance canicule, ce qui avait concerné 40 % de la population, rappelle aussi Marie Baville, cheffe du centre des crises sanitaires à la Direction générale de la santé (DGS). 3 700 personnes sont décédées dont 884 de la canicule, la plupart étant des personnes de 75 ans et plus ». Le message est clair : il faut tout faire pour anticiper et préparer au mieux le système de santé déjà en souffrance pour les semaines et mois qui arrivent.
Courrier à tous les maires
La prévention contre la canicule passera par une campagne grand public et des messages relayés à l’échelle locale par les ARS, les collectivités et les professionnels qui sensibiliseront les personnes fragiles à consulter leur médecin traitant. Les étapes-clés du parcours seront aussi mises en avant, en cas de besoins de soins non programmés : consulter son médecin traitant en priorité, recourir aux solutions de soins en ville et appeler le 15 avant d’aller aux urgences.
Outre des affichages chez les commerçants volontaires, via les pharmacies ou des panneaux digitaux de ville, relayant des messages de bon sens, un courrier sera adressé à tous les maires de France pour mettre en place des « cellules de repérage » permettant d’identifier les personnes vulnérables, notamment en cas de canicule. « Ne pas sortir entre 11h du matin et 16h, ne pas s'exposer ; avoir un chapeau, des lunettes de soleil, organiser des espaces de fraîcheur, bien s’hydrater », énumère Yannick Neuder.
Un autre point de vigilance est l’évolution de l’épidémie de chikungunya. Il s’agit d’informer la population sur les mesures à observer contre les moustiques qui propagent la maladie, comme éviter l’eau stagnante des pots de fleurs ou des soucoupes. Des cas ont été recensés « qui peuvent avoir des conséquences sur les personnes vulnérables », insiste le ministre de la Santé. Le contexte invite à la plus grande prudence : un nouveau cas autochtone de chikungunya, le deuxième en métropole depuis le début de l'année, a été détecté dans l'Hérault, a annoncé lundi l’ARS Occitanie. Le premier cas autochtone de 2025 avait été signalé la semaine dernière dans le Var. « On sera amené à préciser les mesures si effectivement nous étions face à une épidémie significative de chikungunya (en métropole), mais pour l'instant nous sommes dans la lutte anti-vectorielle contre les moustiques », a exposé le ministre.
Se reposer mais pas trop ?
Concernant l’offre de soins pour l’été, la priorité des pouvoirs publics est d’éviter à tout prix l’engorgement des urgences. « Nous craignons toujours des tensions », insiste Marie Daudé, directrice générale de l’offre de soins, appelant à la mobilisation générale avec les fédérations hospitalières mais aussi les Ordres départementaux des médecins « pour organiser la réponse aux soins non programmés. » « On sait très bien que 40 % des venues aux urgences sont des venues qui auraient pu trouver solutions en médecine de ville », a martelé Yannick Neuder.
Outre la mobilisation de renforts potentiels avec 50 000 étudiants en santé, la réserve sanitaire et même des « jeunes retraités volontaires, médecins comme paramédicaux », tous les acteurs de la chaîne du soin (libéraux, hôpitaux et cliniques) devront contribuer à l’effort estival.
Cette stratégie d’anticipation passe aussi par la « réorientation » de lits de soins programmés vers du non programmé, le déploiement d’interventions « paramédicalisées » et la régulation de l’accès aux urgences par le service d’accès aux soins (« qui couvre aujourd’hui 97 % du territoire national »). Le recours aux heures supplémentaires est aussi envisagé. Par ailleurs, le ministère promet une feuille de route dédiée à l’organisation de l’aval des urgences, s’appuyant sur les bonnes pratiques qui ont fait leurs preuves.
Le discours officiel tient sur un fil. Si le ministère reconnaît que « les congés des soignants doivent être pris pour se reposer », les ARS devront toutefois veiller avec les Ordres départementaux à garantir une offre de soins de ville « suffisante, de jour comme de nuit » et à assurer la « complétude des tableaux de garde » de la permanence des soins ambulatoires (PDSA), notamment « pour le pont du 15 août ». En clair, il convient de s’assurer aussi de la disponibilité de la médecine libérale, au cas où, y compris en organisant les remplacements. « Moi, je vais rester mobilisé tout l’été », assure Yannick Neuder, qui suivra les retours du terrain « en temps réel ».
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