Nous sommes tous conscients que la future loi Touraine sur le tiers payant généralisé, si elle est appliquée, va détruire ce qu’il reste de notre médecine libérale. Par les contraintes qu’elle va créer, elle va mettre les médecins sous tutelle des assurances, leur faisant perdre leur autonomie et liberté d’action, éléments pourtant centraux du serment d’Hippocrate. Nous n’aurons plus qu’une fonction de tri des patients et gestion de l’administratif. Et pourtant, devant ce constat terrifiant, l’inertie est de mise.
Les syndicats continuent leur guéguerre : au lieu de former une intersyndicale avec des consignes d’action claires et cohérentes, chacun y va dans une surenchère inaudible. Les spécialistes auraient peut-être dû se soucier plus tôt du sort de leurs confrères généralistes. Les généralistes pourraient mettre leur rancœur de côté pour proposer une vision unie de la profession médicale.
Les jeunes se réveillent enfin pour demander de signer une pétition contre le tiers payant, mais n’est-ce pas un peu tard ? Ils militent pour leur liberté d’installation, mais ne s’installent pas… Ils disent vouloir sauver la médecine libérale, mais continuent de soutenir l’idée que l’avenir n’est plus à l’installation libérale mais uniquement en maison de santé pluridisciplinaire (idée il est vrai bien entretenue par les départements universitaires de médecine générale), qui, bien qu’offrant quelques avantages, présentent aussi le risque de mise sous tutelle de l’ARS. Ils préfèrent s’installer en centres de santé privés, où ils deviennent de simples salariés avec un planning allégé et une relation aux patients bien moins riches qu’un vrai médecin de famille.
Les patients ne cherchent pas à s’intéresser au problème, tout contents de la perspective de ne plus avancer d’argent ; pourtant, avec la mort de la médecine libérale, c’est leur confort qui va en prendre un coup. Finies les consultations dans un délai rapide, la proximité et disponibilité du médecin de famille, les visites à domicile, les thérapeutiques adaptées. Ils goûteront à la froideur de quelques centres de santé où les médecins bien disciplinés appliqueront les protocoles dictés par quelques experts. Nous sommes tous coupables de cet état de fait. Allons-nous laisser mourir notre système de soins ou enfin nous réveiller et nous unir pour dire non et proposer d’une voix unique des solutions pour sauver notre système de soins ?
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