Las, à 68 ans, de ne pas trouver de successeur en dépit de toutes ses démarches (annonces sur Le Bon Coin et dans la presse, appel à une agence de recrutement et au Conseil de l'Ordre...), le Dr Patrick Laine, au cœur d'un récent documentaire télévisé, a décidé d'interpeller les pouvoirs publics.
Déterminé « à pousser le cochonnet un peu plus loin », le généraliste à Saulnot (Haute-Saône) a, comme il l'avait annoncé dans nos colonnes, lancé une pétition en ligne, il y a quelques jours, dans laquelle il demande aux jeunes médecins généralistes d’effectuer leur première année professionnelle en territoire sous médicalisé.
Regrettant que les politiques n'aient « pas le courage de revenir sur la liberté d'installation », le médecin de famille exhorte la ministre de la Santé Agnès Buzyn « de trouver des solutions de court terme, en attendant l’impact à moyen terme de mesures plus structurelles ». « Un généraliste sur 4 aura cessé d’exercer d’ici à 2025, constate-t-il. La conséquence est bien connue et largement documentée : l’existence de territoires sous médicalisés (pas seulement en milieu rural) [...], à l’encontre du principe d’égalité des citoyens dans l’accès aux soins. »
Privilégier l'intérêt général
À côté de mesures incitatives (bourses), des stages de découverte de la discipline, de postes en maisons et centres de santé, des consultations délocalisées ou de mesures d'aménagement du territoire (accès à la fibre optique), le médecin de campagne demande de « passer de l’incitation à l’obligation ».
« En dépit des aides renforcées à l’installation, de la mise à disposition de locaux équipés par nombre de communes et des cessions gratuites de patientèle et de matériel par les généralistes âgés, les inégalités territoriales ne se résorbent pas », observe le Dr Laine. Le généraliste suggère de réguler les installations dans les territoires sous dotés « sur le modèle des dispositions qui régissent l’installation des autres professions de santé comme les pharmaciens ».
Il est nécessaire, selon l'auteur, de « privilégier l’intérêt général en répondant aux attentes légitimes de la population pour trouver le juste équilibre entre liberté d’installation et volontarisme de l’aménagement du territoire ».
Pas sûr que le médecin obtienne gain de cause. Interpellée il y a quelques jours lors d'un débat public à La Charité-sur-Loire (Nièvre), la ministre de la Santé a réaffirmé son attachement à la liberté d'installation des médecins. Le lendemain, devant les internes en médecine générale réunis en congrès à Tours, Agnès Buzyn avait enfoncé le clou, en se positionnant pour une politique incitative.
« Tant que je serai ministre de la Santé, je me battrai encore et toujours contre toutes mesures coercitives », a-t-elle affirmé.
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