Ça vaccine à taille réelle. Trois mois après le début de la campagne de vaccination, la région Corse affiche le meilleur taux de vaccination français avec 17,3 % de sa population ayant déjà reçu une première dose (soit 59 618 personnes au 31 mars), contre près de 12 % en moyenne nationale.
Pour une population de 340 000 personnes, la Corse a dopé sa vaccination. « Quand vous vous dites : il y a 300 000 injections à faire, ça fait peur, évidemment. Mais quand vous réfléchissez, que vous vous organisez à 40 et que vous répartissez les jours de vaccination, c’est faisable. » Le député Liberté et territoires et médecin généraliste Paul-André Colombani est plutôt du genre pragmatique. « On a anticipé, on s’y est mis dès le premier jour. Les maires ont recensé leur population, l’ARS a fourni les doses aux médecins et on a vacciné. »
C’est selon l’élu le secret du succès de la campagne de vaccination corse : cette réelle organisation, qui marche car « tout le monde a participé, le circuit est raccourci », ce qui provoque par effet « moins de technocratie ». La synergie et la mobilisation collective : médecins généralistes puis pharmaciens, sages-femmes et infirmiers pour injecter les vaccins ; puis, raconte l’élu nationaliste corse, « les bénévoles et le personnel mis à disposition par les intercommunalités, lesquels nous ont permis de nous simplifier la vie en faisant du secrétariat, des appels… ». Bref, une « solidarité qui marche plein pot ». Pour Paul-André Colombani, ce qui fonctionne, c’est la proximité : « Les patients sont rassurés par des têtes qu’ils connaissent »
L’apport des généralistes mobilisés
Le directeur du centre de Porto-Vecchio, au sud-est de l’île, est du même avis. Le Pr Mathieu Piazza explique la réussite de la campagne de vaccination par la proximité de son établissement. « Le centre existe depuis mars 2020. C’était à l’époque un centre de consultation Covid-19, maintenant c’est un centre de vaccination. Comme il est bien intégré dans le paysage local cela rassure les patients de voir leur médecin. » Le praticien reconnaît « une forte mobilisation des libéraux, notamment des généralistes, seuls à pratiquer la vaccination tous les jours. On peut dire qu’ils ont mis les mains dans le cambouis ». Tous les vaccins administrés sont des Pfizer, lesquels sont livrés deux fois par semaine.
« Dès qu’on reçoit les doses, on les administre… et on ne perd aucune dose », explique le praticien. Ce qui mène, comme l’a confirmé la présidente de l’ARS locale Marie-Hélène Lecenne, à une vaccination au-delà des critères. Le week-end du 12 mars, 1 200 doses ont été injectées dans son établissement de Porto-Vecchio. Par semaine, 600 doses sont administrées, grâce à l’aide des médecins retraités notamment. Dans les prochains jours, le rythme passera à 1 200 doses hebdomadaires, avec une capacité de 2 000. Dans sa microrégion, au 25 mars : 65 % des 75 ans et plus ont reçu une première injection ; 70 % des 70-74 ans et 66 % des 65-69 ans ont reçu une première dose. Le 30 mars, le centre a administré 56 000 premières injections.
« Je n’ai pas jeté la moindre dose »
Le Dr Geneviève Baufays exerce dans la région montagneuse d’Alta Rocca, contenant seize communes, en Corse-du-Sud. La vaccination a été décentralisée à Levie pour ne pas obliger ses patients, assez âgés, à se déplacer à Porto-Vecchio, à quelques heures de routes sinueuses. « Sur 2 000 habitants environs, j’ai vacciné 400 personnes fragiles. Je vais recevoir 400 doses Pfizer ce mois-ci, que je vais administrer le week-end du 24 avril… chez les plus de 75 ans et plus de 60 ans encore sceptiques lors de la première vague de vaccination. »
Pour la vaccination, elle est désormais épaulée par une pharmacienne et trois infirmiers pour administrer du Pfizer. « Les vaccins arrivent à Ajaccio où ils sont décongelés puis acheminés par un circuit classique jusqu’à Levie. Les doses sont préparées le matin même de l’injection ». Geneviève Baufays revendique également de ne pas gâcher. « Je n’ai pas jeté la moindre dose. J’ai une liste qui me permet de toujours trouver quelqu’un, même en fin de journée. »
Une longueur d’avance
Selon l’ARS, au 28 mars, en Corse, 58 % des personnes de 75 ans et plus ont reçu au moins une dose, et 33 % des 65-74ans. Si bien que les cibles vaccinales seraient aujourd’hui les personnes âgées de plus de 50 ans, celles travaillant dans un secteur essentiel, celles vulnérables ou précaires, ou celles majeures vivant dans un hébergement confiné ou un lieu clos.
La directrice de l’ARS de l’île de Beauté a annoncé jeudi, qu’entre le 5 avril et le 15 mai, 90 000 doses seraient livrées, pour suivre l’élargissement de la cible vaccinale dévoilé mercredi soir par le président de la République. À partir du 16 avril, la vaccination contre le Covid-19 sera étendue à toutes les personnes âgées de plus de 60 ans, puis à toutes celles de plus de 50 ans le 15 mai, ainsi qu’à certaines professions prioritaires. En Corse, certains enseignants ont déjà été vaccinés ; preuve que l’île a une longueur d’avance sur le continent.
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