C’est une feuille de route qui doit guider l’action internationale de la France en matière de santé pour les prochaines années. La stratégie nationale de santé mondiale pour la période 2023-2027 a été présentée, ce 12 octobre à Lyon, en présence de Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à l'occasion des 75 ans de l'institution.
La stratégie a été portée par les ministres Catherine Colonna (Europe et Affaires étrangères), Aurélien Rousseau (Santé et Prévention) et Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur et Recherche), qui se sont rendus sur place.
Le lieu n'est pas anodin puisque la ville est le siège du Centre international de recherche sur le cancer (Circ) mais aussi celui de la future Académie de l’OMS qui doit ouvrir ses portes en 2024.
« La France a été l'un des membres fondateurs de l'OMS en 1948 et un ami fidèle tout au long des 75 dernières années, a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus. L’une des plus grandes économies du monde, la France a un rôle essentiel à jouer dans la santé mondiale, et cette nouvelle stratégie renforcera ce rôle. Elle est parfaitement alignée avec les priorités de l'OMS : promouvoir la santé, fournir des services de santé, protéger la population et assurer des progrès et gains d’efficacité en santé. »
La stratégie, élaborée pendant un an par les équipes des ministères, est une confirmation de l’engagement « historique » de la France, notamment en termes financiers. C'est aussi une réponse aux exigences nouvelles liées au contexte post-Covid et à l’urgence climatique.
Parmi les priorités, figurent la couverture santé universelle en contexte post-Covid, la préparation collective aux urgences sanitaires et climatiques et la lutte contre la tuberculose, des enjeux qui ont été abordés lors de la dernière Assemblée générale de l’ONU, les 18 et 19 septembre.
La France entend poursuivre ses efforts en faveur de la lutte contre les maladies transmissibles et investir dans celle contre les maladies non transmissibles avec un accent mis sur la promotion de la santé et la prévention. Elle prévoit aussi de poursuivre sa mobilisation pour l’accès équitable aux services de santé pour les États les plus vulnérables.
Pour le ministre de la Santé et de la Prévention, Aurélien Rousseau, la stratégie devrait faire résonance. « Cette conscience collective du caractère multilatéral des risques sanitaires, aiguisée par notre expérience du Covid-19, doit être une opportunité pour réaffirmer et renforcer notre action de santé mondiale, de manière positive et ambitieuse, a-t-il déclaré. Nous devons aussi aller au-delà des enjeux de gestion de crise, avec comme fil conducteur nos valeurs-phare d’universalisme et d’humanisme, en investissant fortement, comme nous le faisons dans notre politique nationale de santé, dans la prévention et l’approche "Une seule santé". »
Un soutien financier à la future Académie de l’OMS
La stratégie vise aussi à promouvoir l’expertise et la recherche françaises et à renforcer l’approche « Une seule santé », c'est-à-dire l'interdépendance entre santé humaine, animale et des écosystèmes. Et ce en vue de se préparer aux prochaines crises sanitaires et répondre à des défis corrélés au changement climatique, tels que la nutrition. L’alliance internationale pour la prévention des pandémies en lien avec le monde animal, Prezode (Preventing Zoonotic Diseases Emergence), initiée par la France en 2021, s’inscrit dans cet axe.
La stratégie s’accompagne de la poursuite des investissements nationaux, alors que la France est le premier investisseur européen dans les fonds multilatéraux, selon le ministère des Affaires étrangères. Ainsi, 2 milliards d’euros seront investis pour la période 2023-2025 : 1,6 milliard sur trois ans pour le fonds mondial de lutte contre le VIH, le paludisme et la tuberculose, dont la France est le deuxième contributeur mondial derrière les États-Unis, et 255 millions dans le fonds Unitaid pour la période 2023-2025, plaçant la France en tête des financeurs. La hausse de 33,3 % de ces investissements (1,5 milliard en 2020-2022) bénéficiera à d’autres structures comme Gavi, l’alliance mondiale pour les vaccins. En parallèle, l'action bilatérale sera maintenue notamment via l'Aide française au développement (AFD).
Quant à l'Académie de l'OMS, ce centre de formation « de référence » pour les professionnels de santé du monde entier sera doté d'un « plateau de simulation » pour la préparation à la gestion de crise, explique-t-on au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. Ce projet avait été entrepris en 2019.
La direction de l’Académie, initialement confiée à Agnès Buzyn, revient finalement à David Atchoarena, un ancien de l’Unesco, nommé en mai dernier. La France a investi près de 120 millions d’euros dans la construction de l’Académie : 44,7 millions abondés par l’État, 44 millions par les collectivités locales (région et communauté d’agglomération de Lyon) et 30 millions par des acteurs privés.
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